Le problème, c’est que, lorsqu’on est confronté à la situation actuelle, qui est bien pire que celle d’il y a deux ans, on prend des mesures plus fortes, on veille à ce qu’il soit possible d’atteindre un relatif équilibre budgétaire pour ne pas avoir à prendre de mesures catastrophiques ; car celles-ci nous menacent. Si on continue à ce rythme-là en 2014 et 2015, qui fera le budget 2016, dans quelles conditions, avec quelles marges de manœuvre ?
On prêtera alors le flanc aux attaques de bien des populistes, qui diront : « Vous voyez ! C’est tous les mêmes, ils n’ont pas fait le job, il faut donc prendre des mesures extrêmes pour sortir de cette situation. »
Le budget est l’expression d’une volonté économique. Or, aujourd’hui, il consiste juste à dire : on n’y arrive plus, donc on crée des taxes et des impôts, et on augmente ceux qui existent.
Quel espoir donne-t-on ainsi aux Français et aux entreprises ? Quel est le grand dessein de ce gouvernement en matière économique, son impératif industriel ? Où est la volonté de faire de la France un grand pays exportateur ? Où est la volonté de soutenir les jeunes qui ont envie de partir afin qu’ils restent ?
En outre, – je terminerai sur ce point puisque le temps de parole qui m’est imparti est bientôt écoulé – dans l’indifférence générale, on prend des mesures fiscales très particulières, je pense notamment au relèvement de 7 % à 10 % de la TVA sur les transports publics. Cela paraît indolore, mais en vérité non seulement on ponctionne davantage les ménages, mais en plus on leur retire du pouvoir d’achat, le coût des transports publics va augmenter. Qui sont les usagers des transports publics ? Tous les salariés, tous les gens. En l’occurrence, il ne s’agit pas de « viser les riches », tout le monde est touché.
Votre politique fiscale ne vise donc pas les « privilégiés », les gens favorisés, elle met tous les Français en difficulté. Tous les Français – pardon de reprendre une expression de M. Moscovici – en ont vraiment « ras-le-bol » de la pression fiscale. §