Intervention de Jean Germain

Réunion du 21 novembre 2013 à 15h00
Loi de finances pour 2014 — Discussion générale

Photo de Jean GermainJean Germain :

… ils épargnent et, bien sûr, la demande baisse. Les banques limitent leurs prêts au privé pour assainir leur bilan. Puisqu’il y a moins de disponibilités, la commande publique de l’État diminue, la commande des collectivités locales également. Nous en sommes conscients. La question de la diminution des aides aux collectivités territoriales constitue un vrai sujet. En même temps, personne ne peut s’exonérer des efforts à fournir. Encore faut-il qu’ils soient raisonnables !

Nous avons une croissance faible, mais nous avons une croissance. Nous avons un chômage de masse, mais le chômage des jeunes baisse depuis un certain nombre de mois. Cela étant, on sent bien les tendances centrifuges qui s’exercent à l’égard de l’Europe. Les discours populistes, qui progressent, peuvent être amenés à prendre une grande importance dans le cadre des élections européennes.

Vous avez réussi, monsieur le ministre, avec le Gouvernement, vis-à-vis de l’Europe, à faire mutualiser une partie des dettes. Je tiens à insister sur ce point, car cette évolution n’avait rien d’évident voilà deux ans. Vous avez réussi à relancer la productivité, en commençant un certain nombre de réformes structurelles. Cependant, chacun en convient, les investissements n’ont pas été suffisamment importants.

Que l’on appartienne à la droite ou à la gauche, on se montre désormais prudent pour ce qui concerne les plans de relance. À gauche, on s’est aperçu en 1983 qu’un plan de relance un peu trop ambitieux avait finalement abouti à un freinage. Or il est dangereux de freiner par temps de verglas. C’est ce que disait François Mitterrand, et je pense qu’il avait raison.

Cela étant, nous avons besoin d’investissements massifs pour faire baisser le chômage et connaître une croissance importante. Peut-être, monsieur le ministre chargé du budget, vous qui avez également été ministre délégué aux affaires européennes, le moment est-il venu, à la veille des élections européennes, de demander aux Européens d’avancer dans la construction européenne, par le biais d’un important plan de relance européen ? Vous en aviez parlé au moment de votre arrivée au Gouvernement. Ce plan ne serait pas adossé à une contribution volontaire des États. Sinon, il aurait pour effet d’augmenter leur endettement. Il faut arriver à faire partager aux différents peuples l’idée selon laquelle ce plan de relance doit être adossé à une ressource européenne, osons le mot, à un impôt européen, qui pourrait être soit une fraction de la TVA des différents pays, soit une taxe sur les transactions financières, soit une taxe carbone, puisque, de toute manière, il faudra bien, un jour, en instaurer une. C’est grâce à cela que nous pourrons retrouver, selon moi, le chemin d’une véritable croissance, donner une vision plus motivante de l’Europe, faire disparaître les déséquilibres que nous connaissons actuellement. Un budget européen de croissance nous permettrait également d’avoir une cohésion sociale renforcée.

Cent ans après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, qui nous a coûté beaucoup de vies – nous connaissons tous, dans nos familles, des gens qui en ont pâti –, nos concitoyens, notamment les jeunes, dont vous vous préoccupez beaucoup, attendent de nous un certain nombre de choses. Ils veulent qu’on leur dise que tout n’a pas été tenté ; ils attendent de nous d’autres tentatives. Force est d’ailleurs de constater que nous n’avons pas tout essayé, Mme Merkel venant d’annoncer qu’elle était favorable à un SMIC allemand, ce qui va tout de même changer les choses. Cela nous montre que, en Allemagne, il peut y avoir un accord sur un certain nombre de sujets. Pourquoi ne serait-ce pas le cas en France ?

En matière européenne, nous pouvons certainement avoir davantage confiance en nos compatriotes. Certes, ils ont majoritairement refusé le traité établissant une Constitution pour l’Europe, mais ce n’est pas un refus définitif. Je suis de ceux qui pensent que la France est notre pays, et l’Europe, notre avenir. §

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