Rien n'est encore décidé.
Je vous propose de voter les crédits de l'aide publique au développement comme je l'ai fait depuis trois ans quelle que soit la majorité. En fait, ce n'est pas tellement le budget global qui est en cause : que l'on affecte 0,1 ou 0,2 point de notre PIB en plus ou en moins à cette aide est secondaire, ce qui compte c'est ce que l'on fait de cet argent. Et c'est à l'aune de l'efficacité que nous faisons deux recommandations.
Malgré le relatif satisfécit de M. Cambon, nous sommes tous les deux un peu amers sur le fait que le budget 2014 ne tient aucun compte des événements du Mali et continue comme si rien ne s'était passé. La France ne peut se contenter d'être l'intervenant militaire, sans être aussi l'un des acteurs du développement, ce qui pourrait lui éviter de relancer une opération militaire. C'est notre intérêt, comme celui de l'Afrique, de prendre des mesures et d'inciter les financeurs internationaux à le faire, d'autant que la France dispose d'une grande expertise au Sahel.
Cette déconnection des choix budgétaires avec la situation actuelle est d'autant plus regrettable que notre commission a beaucoup travaillé sur cette question. Le rapport d'information de MM. Jean-Pierre Chevènement et Gérard Larcher propose diverses solutions. Nous avons auditionné des chercheurs, en particulier Serge Michailof dont je partage les analyses.
La situation du Sahel présente, malgré d'évidentes différences culturelles et géographiques, des analogies inquiétantes avec celles de l'Afghanistan d'il y a une dizaine d'années, à savoir une crise environnementale liée à la pression démographique alors que l'investissement public stagne dans l'agriculture, un grave sous-équipement économique et social conduisant la population au dénuement, sur fond de tensions interethniques. Cette région souffre également d'une sous-administration des zones rurales périphériques et d'une quasi-absence locale des appareils d'État régaliens. De plus, les jeunes sont touchés par un chômage de masse, ce qui provoque d'importantes migrations régionales. La présence de groupes armés très mobiles financés par des trafics divers, dont la drogue, s'appuie sur un fondamentalisme religieux et offre une idéologie séduisante, des perspectives de revenus et d'ascension sociale exceptionnelles pour des jeunes désoeuvrés. Enfin, il existe des zones de repli inexpugnables pour les groupes armés qui ont subi une défaite au Mali mais sont loin d'avoir été annihilés. À travers la crise malienne se dévoile l'ampleur gigantesque de la crise qui couve au Sahel, crise multiforme, économique, humanitaire, politique, et sécuritaire. Cette crise exacerbée au Mali est sous-jacente dans d'autres régions du Sahel, en particulier au nord du Burkina Faso, dans le centre du Tchad, au Niger, en Centrafrique.
Il est regrettable que notre intervention au Mali ne se traduise par aucune inflexion significative dans la loi de finances 2014. Cette situation est imputable au fait que notre outil de coopération ne dispose plus de ressources d'aide bilatérale nécessaire. L'essentiel de notre aide bilatérale est consentie sous forme de prêts de l'AFD qui sont mal adaptés aux besoins de reconstruction du Mali, ou à des actions liées à des contrats de désendettement et de développement dont les pays sahéliens ne bénéficient que très marginalement. Ces pays ont besoin d'une aide directe. Or les montants destinés à financer sur subvention des actions bilatérales dans les pays pauvres sont dérisoires, et répartis entre une vingtaine de pays. Les montants du fonds de solidarité prioritaire sont bien trop faibles.
Des amendements auraient pu être déposés mais la partie dépenses du budget, sauf miracle, ne sera pas examinée. Disons que nous travaillons pour l'avenir.
Il faudrait doubler l'aide bilatérale « projet » gérée par l'AFD pour la porter à 400 millions...