Intervention de Françoise Laborde

Réunion du 4 décembre 2013 à 18h00
Débat sur les perspectives d'évolution de l'aviation civile à l'horizon 2040 : préserver l'avance de la france et de l'europe

Photo de Françoise LabordeFrançoise Laborde :

L’arrivée des drones civils dans l’espace aérien pose également question. Nous savons que certaines entreprises s’y intéressent à des fins commerciales.

En outre, des efforts de financement devront être également consentis en matière d’énergie, puisque la question du carburant dans le secteur aéronautique est vitale. Alors que le prix du carburant représente presque un tiers de la charge d’exploitation aérienne, l’envolée du prix du baril, à terme, doit être pleinement intégrée dans les travaux de prospective. En effet, si les aéronefs gagnent en efficacité énergétique, puisque celle-ci a été multipliée par deux depuis 1970, la raréfaction du pétrole risque de freiner le dynamisme du transport aérien.

Le rapport offre, ainsi, un état des lieux intéressant des différentes filières de biocarburants, très prometteuses, comme les micro-algues. Cependant, les coûts de production impliqueront un soutien indispensable des pouvoirs publics et une intégration progressive du biokérosène.

Nous regrettons que d’autres énergies, telles que l’hydrogène, aient été écartées des travaux de l’OPECST, alors que des scientifiques mènent des recherches sur le transport de l’hydrogène qui, dangereux à l’état gazeux, pourrait ne pas l’être à l’état solide.

Ces énergies alternatives participeront aux objectifs de l’Union européenne en matière de transport aérien, qui visent à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre et de 80 % les émissions d’oxydes d’azote à l’horizon de 2020. En effet, les évolutions en matière d’aérodynamisme, de composants ou de motorisation ne seront pas suffisantes pour y parvenir.

L’envolée du prix du baril pèsera avant tout sur la situation économique des compagnies aériennes. Cette perspective est d’autant plus inquiétante que les compagnies européennes peinent à concurrencer les compagnies du Golfe et les compagnies asiatiques pour les long-courriers. D’un côté, Emirates, nommée meilleure compagnie de l’année, ne cesse de créer de nouvelles routes aériennes et d’agrandir sa flotte ; de l’autre, le plan Transform 2015 d’Air France ralentit les investissements.

La compagnie française pâtit d’une réelle inégalité face à la concurrence de certaines compagnies qui profitent d’une réglementation beaucoup plus souple et n’hésitent pas à utiliser des pratiques de dumping social et fiscal.

L’évolution de l’aviation civile doit également être appréhendée en prenant en compte les autres modes de transport que la France, mais aussi l’Europe prétendent développer, comme le mode ferroviaire. L’aviation civile subira sans aucun doute la concurrence de la grande vitesse ferroviaire avec l’avènement de l’Europe du rail. Il convient, comme cela a été souligné, de créer des conditions favorables à l’intermodalité entre ces deux modes de transport complémentaires en modernisant les aéroports et les connexions.

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