Intervention de Pierre Bernard-Reymond

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 26 novembre 2013 : 1ère réunion
Audition de M. étienne Pinte président du conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale

Photo de Pierre Bernard-ReymondPierre Bernard-Reymond :

Je veux d'abord moi aussi vous remercier, monsieur Pinte, d'être venu pour nous parler de la lutte contre la pauvreté. Si je ne suis pas un spécialiste du sujet, il m'est tout de même venu trois interrogations au fur et à mesure de votre exposé.

D'abord, vous n'avez pas évoqué les assistantes sociales. Quel est leur rôle spécifique dans le domaine de la lutte contre la pauvreté ? Quel type de relations entretiennent-elles avec les associations ?

Ensuite, vous avez souligné que la France occupait pratiquement la première place en Europe pour ce qui est de l'approche du problème de la pauvreté. Avez-vous néanmoins le souci d'aller voir comment cela se passe ailleurs et d'essayer de trouver éventuellement des expériences susceptibles d'améliorer encore ce que nous faisons dans notre pays ?

Enfin, vous avez rappelé que nombre des personnes en situation de grande pauvreté avaient des problèmes psychiatriques. Y a-t-il, de ce point de vue, des politiques ciblées et des aides particulières ? Ce problème est-il abordé sous le volet plutôt curatif ou préventif ?

Étienne Pinte. - Au-delà des assistantes sociales, j'étendrai mon propos à tous les travailleurs sociaux, qui ont un rôle très important à jouer dans les différentes structures existantes : associations, CCAS - centres communaux d'action sociale -, structures départementales, etc. Dans certains départements, les effectifs sont suffisants. Dans d'autres, notamment en Île-de-France, Paca et Rhône-Alpes, c'est beaucoup plus difficile : certains d'entre eux sont amenés à s'occuper de beaucoup trop de personnes et ne peuvent assurer un accompagnement efficace.

J'évoquerai un autre problème, que j'avais touché du doigt voilà deux ou trois ans lorsque je m'étais rendu à Aix-en-Provence, sur l'invitation de l'institut de formation des travailleurs sociaux de la région Paca, pour présenter le regard du CNLE sur la pauvreté et l'exclusion sociale. Étaient réunies environ trois cents personnes, parmi lesquelles des professionnels confirmés, des étudiants et des accueillis. Dans les ateliers auxquels je participais, beaucoup d'étudiants m'avaient alerté sur les agressions dont étaient très fréquemment victimes les travailleurs sociaux de la part des accueillis et sur leur crainte d'avoir à gérer une telle agressivité une fois diplômés.

Les travailleurs sociaux sont là pour appliquer la loi et les règlements. Ils ont face à eux des hommes et des femmes en situation de grande pauvreté ou de grande précarité et qui n'en peuvent parfois plus. Ils ont énormément de mal à gérer tous ces problèmes faute de pouvoir leur proposer des solutions propres à répondre à leurs attentes et à soulager leurs difficultés. Ce devrait être un aspect important de la formation des travailleurs sociaux.

Autre question : y a-t-il des expériences menées à l'étranger qui mériteraient d'être transposées en France ?

En ce moment, à Bruxelles, se tient, comme tous les deux ans, une réunion dans le domaine social, à laquelle assiste la secrétaire générale du CNLE, pour faire le point et comparer les expériences des uns et des autres. Force est cependant de constater que la pauvreté est extrêmement différente d'un pays à l'autre, tout comme les critères de pauvreté. Lors de la réunion précédente, en 2011, il fut question du salaire minimum de croissance ; la représentante de la Hongrie avait rappelé que l'équivalent du Smic s'élevait à 250 euros par mois.

Dès lors qu'il existe de telles différences, sans même parler de la situation effroyable des Roms en Bulgarie ou en Roumanie, il est extrêmement difficile d'essayer de se comparer les uns aux autres.

En Allemagne, il n'y a pas de Smic.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion