Le sujet des transports est prioritaire pour nos concitoyens même si les politiques, tous bords confondus, ont tendance à considérer que c'est un sujet marginal... Votre rapport arrive à point nommé. Nous sommes à une période charnière. Vous appelez à une société nouvelle, par l'intermédiaire d'une transition énergétique. J'ai tendance à vous suivre. La France d'hier n'est pas la France de demain. Nous avons des ingénieurs de grande qualité. Nous avons Ariane, le TGV, Airbus. Nous pouvons, par l'éducation, la formation, prétendre être un grand pays dans le monde.
Dans le cadre de la commission Mobilité 21 sur les infrastructures, il y a finalement eu un consensus. La très grande majorité des projets n'a pu être d'emblée retenue. On aurait pu s'attendre à une révolution. Cela n'a pas été le cas. Les transports du quotidien sont une priorité absolue. Notre patrimoine est en train de s'effondrer, en particulier la voirie routière. La France sera moins attractive à l'avenir si ses réseaux fonctionnent moins bien. Le fait que vous vous projetiez dans une vision de long terme me convient.
Vous préconisez un certain nombre de solutions, comme une meilleure coordination des autorités de transports : à qui le dites-vous... Cela fait des années que nous nous heurtons à la difficulté d'avoir une vision globale, qui nous apparaît pourtant comme une nécessité. Vous indiquez qu'il faut travailler également sur l'urbanisme : pour être maire et responsable d'un PLU voire d'un SCOT, je comprends ce que vous dites. Il est d'ores et déjà possible, avec les plans de déplacements urbains ou les plans de déplacements d'entreprises, de faire un certain nombre de choses.
Vous touchez un sujet plus sensible avec la question de la mise en place de lignes de cars. Aujourd'hui, certaines lignes ferroviaires transportent régulièrement peu de passagers. On pourrait procéder différemment, sans pour autant abandonner les voies.
Quel est votre avis sur l'écotaxe ? Les pays scandinaves ont mis en oeuvre l'écotaxe depuis des années, sans que cela ne suscite de révolution. Au contraire, elle a été source de créativité et d'innovation. La transition énergétique ne doit pas être répressive. Comment peut-on arriver à un comportement plus efficace, plus vertueux sans apparaître répressif ?
Un autre sujet m'inquiète : quelles sont vos préconisations en matière de financement ? Avec la suppression de l'écotaxe, le Gouvernement se prive d'au moins 800 millions de recettes. Dans ces conditions, il sera difficile de tenir le scénario 2 de la commission Mobilité 21, que le Gouvernement s'est engagé à respecter.
Enfin, je crains que dans le domaine du transport également, ce ne soit les Chinois qui viennent conquérir nos marchés, et non l'inverse. Ils poursuivent leur stratégie d'implantation en Europe, et viennent encore récemment d'acquérir des lignes ferroviaires. La Chine est le pays qui investit le plus dans les énergies vertes. Elle produit de surcroît 800 000 ingénieurs par an, grâce à un système de formation sélectif et de grande qualité. Je ne parle même pas de l'Inde, qui envoie une sonde sur Mars avec des coûts de production dix fois inférieurs aux nôtres. Il y a vraiment de quoi s'inquiéter.