Intervention de Bruno Duchemin

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 11 décembre 2013 : 1ère réunion
Transition énergétique dans les transports — Audition de Mm. Bruno duChemin et sébastien genest rapporteurs du conseil économique social et environnemental

Bruno Duchemin :

En ce qui concerne la question du mix énergétique, j'observe que la sortie du nucléaire décidée par le Japon après la catastrophe de Fukushima se traduit par un recours accru au charbon et un accroissement des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons la chance d'avoir au CESE un climatologue prix Nobel de la Paix, Jean Jouzel. Celui-ci m'a confié que l'énergie nucléaire représente un vrai risque, mais qui peut être maîtrisé, tandis que le réchauffement climatique n'est plus un risque, mais déjà une réalité. Dans ce contexte, il semble raisonnable de continuer à miser sur le nucléaire, même s'il ne faut sans doute plus en tirer une proportion de 75 à 80 % de la production d'électricité.

Pour développer les transports publics et conserver les lignes existantes, il faut que les projets d'urbanisme et les permis de construire s'organisent autour des réseaux, de manière à lutter contre l'étalement urbain.

En ce qui concerne le fret ferroviaire, je suis bien sûr attaché au transfert modal. Mais, même si l'on parvenait à augmenter le fret ferroviaire de 30 ou 40 %, ce qui serait déjà inespéré, cela ne ferait passer sa part modale que de 10 % à 13 ou 14 %. Ne faire que du ferroviaire est une utopie. En France, à la différence de l'Allemagne, il nous manque les transports de charbon et d'autres pondéreux qui permettent, par un effet de massification naturel, d'amortir l'essentiel des coûts fixes du transport ferroviaire.

Pour réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre, nous n'avons pas d'autre solution que d'agir sur le transport routier. Par exemple, un véhicule consommant 2 litres aux 100 km, la « deux chevaux » de demain, permettrait de diviser les émissions par deux ou trois. De même le développement du covoiturage, en passant d'une moyenne de 1,3 passager par véhicule à 2 au moins, contribuerait à parvenir au facteur 4 de réduction des gaz à effet de serre.

Les ports français ne sont pas suffisamment utilisés pour faire du transfert modal. Il y a aussi nécessité d'une réforme portuaire. Mais elle sera très difficile.

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