J'en profite pour rappeler que le principe de précaution ne figure pas dans la Constitution mais dans son Préambule.
Concernant le stockage de l'électricité, la France n'est pas plus en retard que d'autres. De grandes surfaces de stockage au sol se développent. Deux enjeux importants sont d'apprendre à stocker l'électricité et d'apprendre à stocker le CO2. À l'heure actuelle, nous savons piéger le CO2 mais pas le stocker. Le stockage du CO2 dans des conditions économiques permettra aux entreprises polluantes de continuer avec les mêmes techniques tout en ne polluant pas. Je crois au progrès de la science, et il est nécessaire pour avancer de mettre davantage de crédits sur la recherche.
Concernant les importations allemandes en matière d'énergie, nous savons que ce pays a acheté plus de courant d'origine nucléaire française en 2012 qu'en 2011. Cela se voit dans nos statistiques d'exportation.
Sur les voitures électriques, le constructeur français a fait le choix de l'électrique pur qui patine un peu. Je fais partie avec Philippe Darniche d'un syndicat de voitures propres, que nous avons créé il y a sept ou huit ans. Tous les grands constructeurs européens ont développé des voitures plus ou moins hybridées. La première technique utilisée était l'Ampera d'Opel qui a une autonomie beaucoup plus forte.
Le PDG de Total Allemagne nous dit que tous les constructeurs développeront des voitures à hydrogène dans les années qui viennent. En fonction de leur peur de l'explosion, les gens achèteront ou non des voitures à hydrogène. Les industriels nous disent qu'il n'y a aucun risque d'explosion mais il suffit de faire un radiotrottoir en France pour constater que la population voit les choses différemment.
Concernant les conclusions à tirer pour la politique française, nous devons déployer beaucoup de prudence. Il faut observer mais également mettre en valeur nos atouts. Nous avons une compétence nucléaire unique au monde. Des évolutions peuvent être apportées sur la part du nucléaire dans le mix énergétique. En revanche, abandonner la filière serait une erreur fondamentale.
Sur les éoliennes en panne, les Allemands ne sont pas très regardants sur les friches industrielles, ils n'ont pas la même conception que nous des paysages et de la propreté. Le fait de laisser ces éoliennes répond à une rationalité économique, elles ne coûtent rien, elles dérangent juste les gens qui les regardent.
Concernant l'Europe, le militant européen voit clairement les répercussions des choix allemands sur la construction de l'Europe. Si les Allemands font cavalier seul, cela ne va pas dans le sens de la construction européenne.
Sur les questionnements liés à la décentralisation, il y a une tendance lourde à être au plus près des consommateurs. Le Premier ministre a évoqué la question des contrats de bourgs et des circuits courts, ils ne seront pas mis en oeuvre tout de suite. Il faudra intégrer l'approvisionnement et la consommation énergétique dans les unités qui commandent l'aménagement du territoire. En France, le secteur énergétique est très centralisé, seuls deux opérateurs et demi existent. L'Allemagne compte quatre opérateurs électriques. Dans certains Länder, les opérateurs sont en concurrence ; dans d'autres, un opérateur détient le monopole.
Nous n'avançons pas vite sur le stockage de l'électricité. Nous voyons ce soir le Commissariat à l'énergie atomique avec le bureau de l'office parlementaire. Il a reçu une mission spéciale sur les énergies renouvelables il y a deux ans. Nous attendons qu'il avance sur ces questions. Le CEA est doté de moyens financiers et scientifiques tels que s'il investit cette question, il y aura des avancées notables. Les opérateurs y réfléchissent également à leur niveau.
Il est nécessaire de mettre beaucoup plus de crédits sur la recherche. Si nous ne cherchons pas, nous ne pourrons pas trouver. Des choix budgétaires doivent être faits, les sommes requises ne sont pas considérables.