Nous devons donc rester extrêmement vigilants – cet adjectif est revenu, avec beaucoup d'éloquence, chez tous les orateurs –, mais si nous n'avons pas un minimum de stratégie de mouvement dans cette négociation, elle ne présente que des inconvénients.
Je mentionnerai rapidement l'enjeu central des normes et des contrôles. L'Union européenne a indubitablement établi à un haut niveau ses exigences sociales, environnementales, sanitaires et prudentielles. Cette négociation comporte, en raison de la multiplicité des intérêts en présence, un risque d'affaiblissement de ces normes.
Mais si ce risque s'avérait, nous savons tous qu’il n’y aurait pas d'accord puisque toutes les forces sociales et économiques qui animent notre Union parviendraient à s'y opposer. Les États-Unis, qui en sont conscients, ont relancé le processus de négociation en sachant très bien qu’il s'agit là d'un point clé.
Ne soyons donc pas uniquement défensifs : une stratégie offensive doit être menée au niveau des normes sociales et environnementales, et nous savons qu’il existe aussi des composantes critiques et offensives dans la société américaine. Ainsi, certains États et beaucoup de municipalités américaines adoptent des normes environnementales de facture européenne parce qu'ils savent très bien qu’elles seront conformes, à terme, à l'évolution de leur société et de leur économie.
Il me semble donc que nous ne pouvons pas nous placer dans une mentalité de guerre de tranchée en soutenant que nos normes sont les seules possibles, et en excluant par avance que les États-Unis arrivent à les comprendre et a fortiori à les partager. C'est au contraire, à mon avis, un enjeu essentiel en termes de commerce mondial que de savoir si l'on peut aboutir à un rapprochement vers le haut des normes des deux espaces pour en faire un outil vis-à-vis des pays tiers.