Ma question s’adresse à M. le ministre délégué chargé des transports.
Mes chers collègues, il est des images télévisées revenant en boucle qui vous sont familières, celles de tous ces passagers dans l’attente de départs problématiques imputables à ces grèves qui, depuis des décennies, auront paralysé les liaisons que la SNCM, la Société nationale Corse-Méditerranée, assure entre l’île et le continent. Grèves aux motifs futiles trouvant leur prétexte dans le licenciement de deux salariés ; grèves aux motifs pittoresques ou médiatiques, des grévistes larguant les amarres pour se transformer l’espace d’une nuit en pirates de haute mer !
Jamais pourtant le cynisme ne l’aura autant disputé à l’irresponsabilité qu’à l’occasion de la grève déclenchée depuis une semaine par la CGT. Qu’on en juge : en septembre dernier, la collectivité territoriale de Corse renouvelait pour une durée de dix ans la délégation de service public à la SNCM et à la CCM, la Compagnie Corse-Méditerranée. En guise de cadeau de Noël, la réponse aura été un préavis de grève prenant effet le 1er janvier 2014, date de l’entrée en vigueur de cette délibération.
Le motif de cette grève a une apparence : l’exigence – contraire, selon nous, aux règles communautaires –, pour toutes les compagnies ayant des activités en France, d’être sous pavillon français, l’objectif étant de supprimer la concurrence de Corsica Ferries, sous pavillon italien. Cette grève a également un objectif : tenter de sauver la SNCM de la faillite.
Le « toujours plus » syndical, l’image dégradée de la compagnie, l’incapacité de l’État actionnaire, qui a cru pouvoir se retirer du jeu en cédant, il y a sept ans, sa participation majoritaire, ont conduit à la situation que nous connaissons. Une flotte vieillie, une condamnation par l’Union européenne à rembourser 440 millions d’euros à l’État et à la collectivité territoriale, un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros pour un personnel pléthorique de 1 700 personnes au moins – mais on parle de 2 000 personnes –, une gestion calamiteuse qui aura conduit dirigeants, syndicats et acconiers à se payer durant des décennies sur le budget de l’État : tous ces facteurs sont à l’origine de ce désastre.
La crise que nous connaissons sonne la fin de la récréation, et l’État n’a plus droit à l’erreur, monsieur le ministre ! Vous venez de déclarer que « les conditions étaient réunies pour une reprise de l’activité » ; je vous remercie de bien vouloir préciser à la Haute Assemblée la nature de ces conditions et de lui indiquer de quels moyens l’État entend se doter aujourd’hui pour mettre fin à ces désordres.