Attention, les verrous technologiques ne finissent pas toujours par sauter ! On fixe des objectifs très ambitieux au-delà de 2050, mais on ne connait pas encore les solutions techniques - je songe bien sûr au stockage.
La France représente moins de 1 % des émissions de CO2, mais on oublie de dire que la transition énergétique s'opère parallèlement à la transition démographique dans le monde. En 120 ans, la population mondiale a été multipliée par six, les émissions de gaz à effet de serre par quatre, et les pays émergents veulent parvenir aux mêmes niveaux de consommation que nous. Où est la solution ?
A l'heure actuelle, le fret est assuré à 90 % par la route et à moins de 10 % par le rail. Il est illusoire de penser faire basculer le transport diffus vers le rail. Le Snit prévoyait des investissements de 240 milliards d'euros, notamment en lignes à grande vitesse : les calculs aboutissaient à une économie de 150 millions de tonnes de CO2, soit un coût de 1 500 euros la tonne. Absurde. Pourtant, l'État n'a pas modifié ses projets d'investissement. Chaque année, la loi de finances indique le total des crédits consacrés à la lutte contre le réchauffement. Or chaque année, le mode de calcul et de pondération varie ! Pour 2014, le chiffre a été divisé par deux : le ministère considérait jusqu'à présent que 50 % des investissements en matière d'infrastructures de transport pouvait être mis au compte de la lutte contre le réchauffement climatique. Cette année, comme par miracle, le pourcentage retenu est de 7 % pour le rail, de 5 % pour les canaux, de 0 % pour la route. C'est que l'on a pris en référence le prix raisonnable de tonne de CO2 suggéré par le rapport Quinet, soit 35 euros en 2010, 50 en 2020, 100 en 2050. Une telle politique est peu efficace.
La Cour des comptes suggère de décarboner l'énergie et elle a démontré dans un rapport récent que les biocarburants de première génération n'étaient pas si efficaces. L'électrification des transports est limitée du fait du peu d'autonomie des voitures électriques. Il est possible de moins consommer, avec des moteurs plus économes. Les transports peuvent être plus efficaces, grâce au covoiturage, qui concurrence le TGV. Mais les systèmes d'information coûtent cher : 10 % de l'énergie électrique mondiale est consommée par les ordinateurs. De nouvelles orientations dans l'urbanisme pourraient aussi limiter les déplacements.
Dans l'agriculture, l'élevage et les rizières non cultivées sont les principaux émetteurs de méthane. Au néolithique, lorsque l'homme a inventé la culture du riz, la température mondiale aurait augmenté de 0,3 à 0,4 degré ! Vous le voyez, il n'y a pas une solution mais une combinaison de solutions.