Comme cet amendement sera mis aux voix par scrutin public, je souhaite donner mon point de vue, qui est différent de celui, tout aussi respectable, de mon collègue André Reichardt.
Vous vous êtes exprimée, madame la ministre, avec passion – c'est votre tempérament. Effectivement, nous avons aujourd’hui en France une réglementation en matière d’urbanisme de plus en plus complexe et exigeante. Cela correspond d’ailleurs à l’attente de nos compatriotes, même s’ils ne le formulent pas ainsi, qui souhaitent être préservés à la fois des risques et des excès en matière de construction. C'est la raison pour laquelle la complexité de cette réglementation n’a cessé de s’accroître.
Par ailleurs, force est de le reconnaître, sur le terrain – le libéral que je suis s’en félicite ! –, les professionnels ont acquis progressivement une bonne connaissance des règlements et une maîtrise des sujets ; ils ont également accepté de se répartir sur l’ensemble du territoire. Il n’en allait pas ainsi au début des trente glorieuses lorsque, de façon assez systématique, l’État venait au secours des petites communes. À l’époque, il n’y avait ni architecte, ni urbaniste, ni spécialiste de la réglementation sur le terrain ; seules les administrations de l’État pouvaient assumer cette responsabilité.
Aujourd’hui, nous constatons une demande importante des collectivités locales, dont, hélas, on n’imagine pas qu’elle puisse diminuer, et nous disposons de professionnels compétents partout sur le territoire, et pas seulement dans les très grandes villes.
Il n’est donc pas tout à fait anormal que l’offre rencontre la demande, que l’État revienne progressivement sur ses fonctions régaliennes et quitte peu à peu le champ de la prestation à l’ensemble des communes. Certains amendements, qui viendront en discussion ultérieurement, ont notre sympathie, car ils traduisent ce retrait progressif.
Je ne m’élèverai pas, madame la ministre, sur ce que vous avez dit de la RGPP. J’appartiens, à l’origine, aux services extérieurs de l’administration de l’État. Je vois que les conditions d’activité sont devenues de plus en plus difficiles, parce que – reconnaissons-le ! – l’État n’a plus d’argent. Pour continuer à intervenir et à subventionner, il sacrifie ses moyens de fonctionnement. Je constate d’ailleurs que votre majorité n’a, pas plus que la nôtre, inversé ce courant. Vous n’en avez pas davantage les moyens aujourd’hui que nous à l’époque !
En revanche, ayons un peu de respect pour les collectivités locales ! Faisons en sorte – j’espère que ce ne sera pas un vœu pieux – que la réglementation soit moins contraignante et que le perfectionnisme administratif n’entraîne pas systématiquement toujours plus de travaux préparatoires extrêmement coûteux.
Le seul bon côté des choses, c'est que l’on trouve désormais sur l’ensemble du territoire des compétences privées qui se substituent à celles de l’État.
C’est la raison pour laquelle le groupe UMP, à l’exception de M. Reichardt, s’abstiendra sur l’amendement n° 35, tout en se gardant la liberté de s’exprimer d’une façon différente sur l’amendement de M. Jarlier. Celui-ci a le mérite de reconnaître le mouvement que vous évoquez, madame la ministre, et que nous acceptons, tout en s’efforçant de l’encadrer dans le temps, pour ne pas imposer un rythme trop brutal.