Intervention de Michelle Meunier

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 6 février 2014 : 1ère réunion
Prostitution — Audition des présidentes des commissions « violences de genre » et « santé droits sexuels et reproductifs » du haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes hce f-h

Photo de Michelle MeunierMichelle Meunier :

Ce que nous avons entendu ce matin nous conforte dans la conviction que la prostitution est bel et bien une violence faite aux femmes et s'inscrit donc dans une préoccupation constante de notre délégation. J'ai participé, à la commission des affaires sociales, aux travaux de nos collègues Chantal Jouanno et Jean-Pierre Godefroy sur la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées.

Le débat à l'Assemblée nationale nous conduit aujourd'hui à des postures plus affirmées. Je suis pour ma part étonnée du message que Médecins du monde (MDM) a récemment diffusé contre la pénalisation du client : cette mesure pourrait accroître les problèmes de santé des personnes prostituées en les soustrayant à l'action des associations et en limitant leur accès à la prévention et aux soins. Selon le témoignage de personnes prostituées, qui n'ont pas choisi de vivre ainsi et qui sont victimes de violences, les clients seraient dans une certaine mesure des acteurs de leur santé. Je trouve ces arguments troublants : on dirait que le client est en quelque sorte « bénéfique » pour elles, ce qui me semble pernicieux.

Vous avez évoqué les violences subies dans l'enfance par certaines personnes prostituées : la commission des affaires sociales conduit une réflexion sur la protection de l'enfance avec Muguette Dini, sénatrice du Rhône. Il serait intéressant de savoir comment sont accueillis ces enfants par les acteurs de l'aide sociale à l'enfance dans les départements et comment les traumatismes qu'ils ont subis sont pris en compte et soignés. Il semble que, dans certains cas, il puisse y avoir un lien entre les centres hospitaliers universitaires (CHU) et les pédopsychiatres mais que cette interaction ne soit pas systématiquement mise en oeuvre. Les enfants victimes d'inceste ne sont pas toujours aidés à se reconstruire. Vos réflexions, Mesdames, confirment que, en matière de violences, nous sommes confrontés à un continuum dans lequel tout se tient.

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