Je ne dirais pas cela, mais clairement la cinquième économie mondiale mérite mieux.
Il faut également préciser qu'une place financière, c'est plus qu'une bourse, c'est aussi des banques et un écosystème extrêmement riche, qui interagit en formant un cercle vertueux... ou descendant... Notre projet d'introduction en bourse peut être l'occasion de redonner une dynamique à la Place de Paris.
Deuxièmement, les enjeux de cette séparation d'Euronext sont considérables : il s'agit de retrouver une souveraineté dans le financement de notre économie, dans un moment particulier où les banques ont un accès difficile au crédit et où l'on assiste à un mouvement de désintermédiation de l'économie. Cela doit permettre également d'améliorer la gestion du risque : à la lumière de la crise de 2008, on ne peut imaginer que les structures qui gèrent le risque - comme les chambres de compensation - sur des instruments en euros ne soient pas localisés dans la zone en question. L'Europe et la France doivent se préoccuper de cet aspect de la question.
Troisièmement, il est utile de comprendre les raisons du déclin de la place Paris. Certes, nous avons dû affronter des crises et le fait que les marchés se soient éloignés de leur rôle premier, qui est de financer l'économie. Mais je pense que la raison principale réside dans les trente années de domination anglo-saxonne sur la pensée qui a structuré les marchés financiers, aux États-Unis comme en Europe. Ce n'est donc pas uniquement un problème de concurrence entre les banques et les bourses. La première directive sur les marchés d'instruments financiers (MIF I), par exemple, reflétait la vision anglo-saxonne de ce que devait être un marché financier européen et a eu pour effet, si l'on observe les résultats sept ans après, de renforcer la place du clan anglo-saxon et de la City.
La crise de 2008 a fait prendre conscience qu'une meilleure régulation était nécessaire, afin de « dé-risquer » la planète et de remettre les marchés au centre du jeu. Pour cela, il est nécessaire d'avoir des infrastructures qui correspondent à notre philosophie de marché et qui soient sous contrôle européen, et non américain ou britannique. Une meilleure régulation passe par la directive MIF II, publiée il y a quelques semaines, mais également par la reconstitution d'infrastructures de marché européennes.
Enfin, je voudrais revenir sur les raisons qui poussent ICE à vendre Euronext.