Intervention de Dominique Cerutti

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 19 février 2014 : 2ème réunion
Evolution et développement de la place financière de paris — Audition conjointe de Mme Delphine d'aMarzit chef du service du financement de l'économie de la direction générale du trésor Mm. Dominique Cerutti directeur général d'euronext thierry francq auteur d'un rapport sur l'évolution d'euronext et l'avenir des activités de marché et de post-marché en europe gérard mestrallet président de paris europlace président directeur général de gdf-suez et hervé synvet professeur agrégé de droit privé à l'université panthéon-assas paris ii

Dominique Cerutti, directeur général d'Euronext :

Je saisis la dimension provocatrice de votre question, mais je dois répondre que ce n'est pas le cas.

À l'origine, ICE voulait acquérir les activités de NYSE-Euronext sur le segment des dérivés, installées à Londres au sein de la filiale NYSE-Liffe. Mais ils ont compris que cette filiale ne serait pas vendue séparément et qu'il fallait donc acheter l'ensemble. Ils se retrouvent donc propriétaires d'un marché Euronext très rentable, mais qui ne correspond pas à leur métier, c'est-à-dire les dérivés. De plus, Euronext ne correspond pas à leur zone d'activité, c'est-à-dire les États-Unis et le Royaume-Uni. Enfin, ICE a dû s'endetter pour acquérir NYSE-Euronext et ils souhaitent désormais se désendetter.

En découvrant la valeur d'Euronext, ils ont compris qu'ils pouvaient la vendre via une IPO (Initial Public Offering - introduction en bourse), conformément à ce que souhaitaient les gouvernements européens, mais aussi les régulateurs et les trésors. Chaque pays tente de reprendre le contrôle des outils de financement de son économie et les bourses en font partie.

Cette séparation d'Euronext n'est pas un « retour à la case départ », mais bien une véritable opportunité. Même amputé de Liffe, Euronext est bien plus fort aujourd'hui qu'en 2007. En navigant plusieurs années dans un environnement très féroce, nous avons réussi à maintenir nos parts de marché mieux que n'importe quelle autre bourse en Europe. Nous levons chaque année 100 milliards d'euros pour les entreprises qui opèrent chez nous. Nous avons migré vers les hautes technologies, ce qui a représenté des investissements massifs. Et contrairement à ce que l'on peut dire, notre profil de business ne se limite pas aux actions mais comprend également une activité sur les dérivés, notamment ceux sur les matières premières. Notre profil est donc très résilient et Euronext a connu une véritable restructuration.

S'agissant du calendrier, ICE a annoncé en décembre 2012 son intention de racheter NYSE-Euronext, en indiquant dès le départ qu'il entendait se séparer d'Euronext. Il a fallu un an pour obtenir la non objection du collège de régulateurs au rachat de NYSE-Euronext. Cette durée peut sembler longue mais elle est normale, étant donné que cinq régulateurs devaient se prononcer et vérifier que la stabilité du marché n'était pas menacée. ICE a également dû donner des garanties sur un certain nombre de points et notamment sur le détachement d'Euronext. Cette première phase s'est achevée en novembre dernier.

Nous sommes désormais dans la deuxième phase, qui consiste à obtenir les accords pour la séparation de Liffe d'Euronext et séparer Euronext de ICE. Euronext ne devra plus avoir de liens avec ICE, c'est-à-dire maîtriser la totalité de ses ressources, de son informatique, de ses contrats, de ses classes d'actifs... Par exemple il faut s'assurer que les contrats de matières premières, de blé par exemple, relèvent bien d'Euronext et non d'ICE. Cette phase devrait s'achever début mars.

La préparation de l'IPO constitue la troisième phase, sur laquelle nous travaillons déjà, de façon non officielle. Nous tenons à suivre cette procédure, afin d'éviter qu'Euronext soit la proie d'une autre entité. Nous avons pour objectif d'aboutir à la fin du premier semestre 2014, le planning est donc très tendu.

Enfin, se pose la question de la stabilité d'Euronext, c'est-à-dire la stabilité de son actionnariat. ICE s'est engagé auprès des régulateurs à identifier les actionnaires de référence, qui doivent tous, sans exception, être approuvés par eux.

Pour conclure mon propos, je souhaite véritablement insister sur le fait qu'Euronext, même amputée de Liffe, est plus fort aujourd'hui qu'en 2007.

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