Je ne suis pas le Trésor, mais dans le rapport que j'ai réalisé pour le ministre sur l'avenir d'Euronext, je trace à grands traits ce qui pourrait être une stratégie intéressante pour la France. Mais Euronext étant une entreprise privée, il n'est pas possible que l'Etat décide de sa stratégie.
Est-ce que les projets qui nous ont été décrits peuvent faciliter le financement des PME ? Oui, pour plusieurs raisons. Premièrement, Euronext continental sera déchargé de certaines activités - telles que les relations intra-groupe - et aura donc plus d'énergie à consacrer à son développement organique : les dérivés, le marché obligataire et l'alimentation de la cote. Ce dernier point se fera surtout grâce aux PME. Je ne crois pas que nous alimenterons la cote de Paris en faisant venir les grands groupes chinois ou coréens.
Deuxièmement, l'une des difficultés du financement des PME en bourse est de rentabiliser toutes les activités qui existent autour - l'analyse financière, le trading, etc. - car il s'agit de petites capitalisations. Il n'y a qu'une solution face à ce problème : élargir le marché des PME cotées. Je veux souligner que pour constituer une bourse, il n'est pas obligatoire de fusionner des opérateurs. Nous pouvons aussi fusionner des plateformes. C'était le sens des préconisations du rapport Demarigny sur le financement des PME : s'il y a besoin d'un ancrage local pour les services aux PME, la France constitue aujourd'hui un marché financier trop petit. L'élargissement naturel est la zone euro.
A propos du rôle des pouvoirs publics, il ne faut pas oublier qu'Euronext est aujourd'hui la bourse de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne. Si l'on souhaite ouvrir le jeu, ce ne sera pas en affirmant une présence française trop forte - surtout si elle est publique. En revanche, les contacts entre acteurs privés français, belges et néerlandais doivent être encouragés.
S'agissant de la question du déclin de la Place de Paris, la plus grande difficulté à surmonter aujourd'hui est le contexte de crise, qui a entraîné un certain repli sur soi. Cette opération sur Euronext est l'occasion de développer une stratégie française, en bonne intelligence avec nos partenaires européens et en alliant les régulateurs, les Etats et les acteurs privés. Comme l'a dit Gérard Mestrallet, nous sommes septième dans certains classements. Paris a des atouts - la cote de Paris est la plus belle de la zone euro - mais elle souffre de l'absence de logique de place depuis une dizaine d'années.
Enfin, comment redonner confiance aux investisseurs particuliers ? La plupart des Français comprennent la finance au travers de ce que leur dit leur banquier. Or les grands réseaux bancaires ne savent plus parler des marchés d'actions. Il y a peut-être un problème de modèle économique. Les pouvoirs publics ont envoyé un signal en faveur de l'actionnariat avec la création du plan d'épargne en actions permettant d'investir dans les PME (PEA-PME). C'est l'occasion d'encourager les banques à reconstituer des filières titres.