Ce n'est pas cher par rapport au marché de l'affacturage, pour lequel les taux d'intérêt sont compris entre 6 % et 14 %. Là, il s'agit d'affacturage public, facturé entre 3 % et 5 % ou 6 %.
Le pré-financement dure jusqu'à ce que l'Etat paye. Il va d'ailleurs se passer quelque chose d'important pour le moral des entrepreneurs en mai, lorsqu'ils vont recevoir un chèque correspondant au montant du CICE. Une grande partie de nos clients n'ont pas encore pris conscience qu'ils vont recevoir l'impôt négatif en mai.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, nous sommes obligés d'être très vigilants car la fiscalité peut changer. En fonds propres, certains fonds d'investissement ont pris des bouillons terribles, notamment dans le photovoltaïque, lorsque la fiscalité a changé. Nous finançons donc peu en equity, mais plutôt en dette. Le photovoltaïque français, par exemple toutes les ombrières dans les parkings du sud de la France, c'est du financement ex-Oséo. Nous disposons maintenant d'un métier de financement de ces infrastructures, en crédit-bail immobilier et matériel, qui est reconnu par les acteurs bancaires. Nous avons d'autres spécialisations, comme le tourisme où nous sommes très bons grâce au crédit hôtelier. Nous sommes très bons aussi dans les créances publiques grâce à la caisse des marchés de l'Etat. Et nous avons, comme je l'indiquais, une spécialisation « transition écologique ».
S'agissant de la BEI, nous essayons de lui faire comprendre que, dans d'autres pays européens, il n'y a pas d'équivalent à la BPI et il est donc normal qu'elle y intervienne en direct. En revanche, en France, elle doit passer par nous. Nous ne voulons pas deux canaux commerciaux. Elle commence à le comprendre. Pour l'instant, elle est intervenue, avec une initiative appelée JEREMIE, en direct dans deux régions, en Languedoc-Roussillon et en PACA. Tout ceci va rentrer dans l'ordre progressivement et elle a commencé à financer nos propres fonds de garantie plutôt que les siens. C'est très important du point de vue des entrepreneurs.
Notre système de gouvernance est-il complexe, notamment avec les syndicats ? En fait, Bpifrance est une petite entreprise de 2 000 salariés. Chez Capgemini, je dirigeais 135 000 personnes. Nous sommes à taille tout à fait humaine. Les syndicats sont complétement réformistes. Ils nous ont accompagnés en 2013 et se sont projetés dans le projet BPI de manière vraiment rafraichissante. Au fond, ce projet, ils en rêvaient tous depuis très longtemps : les salariés voulaient que les segments fonds propres et crédits soient rassemblés au profit des mêmes clients. Nous n'avons eu aucun obstacle syndical.
Encore une fois, sur la gouvernance, les conseils d'administration sont très techniques. La gouvernance est « aidante ».
En ce qui concerne notre part de marché, sur la partie strictement bancaire, elle est de 5 % pour notre production de crédits, sans tenir compte de l'effet multiplicateur. En revanche, pour certains produits particuliers, elle est plus élevée. Nous sommes par exemple les seuls à offrir des prêts sans garantie. Pour le crédit-bail, notre part de marché est de 12 %.
Pour les fonds propres, lorsqu'il s'agit de gros tickets, nous atteignons un pourcentage de 40 %.