Je me retrouve dans tous les propos que je viens d'entendre, à une nuance près sur le premier. Lorsque j'ai été élue parlementaire, je pensais que l'on procédait toujours ainsi : que l'on commençait par réfléchir, au sein de chaque famille politique, puis entre les différents groupes, à ce que l'on voulait pour la France dans dix, vingt ou trente ans, avant de discuter des meilleurs décisions et de les traduire dans les lois. En deux ans de mandat, j'ai compris que tel n'est pas le cas. C'est pourtant bien là que réside la vraie politique, dans la définition du monde que nous construisons pour nos enfants, dans la détermination du possible, entre l'idéal et l'effroyable.
Je partage les réserves de notre collègue sur le « modèle de croissance ». Je pense plutôt que la vraie question est de savoir ce que nous allons faire dans un monde qui ne connaîtra pas de retour d'une croissance forte.
Il faudra repartir des besoins primaires des individus puis des besoins de la vie en collectivité. Le premier de ces besoins est de nous nourrir convenablement. Comment le ferons-nous demain alors que, comme nous le voyons en Bretagne, c'est tout un modèle agro-économique qui s'essouffle ?
Autre question, celle de la mobilité. Certains habitants de Saumur ne sont jamais allés à Angers qui n'est pourtant qu'à un quart d'heure de TGV et une demi-heure de TER !
La destruction des anciens modes de sociabilité risque de faire naître des tensions. Ne nous racontons pas d'histoires : la pratique religieuse ne concerne plus que peu de monde, tout comme l'action dans les partis politiques ou les syndicats. Seule la vie associative me semble être véritablement porteuse de lien pour l'avenir.
Il nous faut donc changer de lunettes : au cours des cinquante dernières années, c'est l'économie qui a été la locomotive de la société. Ce ne sera plus le cas.
Le défi est de savoir comment vivre ensemble, vivre en paix, que ce soit au sein d'un village ou entre les territoires urbains et périurbains.