Intervention de Philippe Adnot

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 30 octobre 2013 : 1ère réunion
Groupe de travail « quelle france dans dix ans ? » — Première réunion de l'atelier consacré au projet républicain et à l'avenir de l'europe

Photo de Philippe AdnotPhilippe Adnot, co-animateur :

Pour construire, il faut rêver. Construire, cela suppose d'abord que la France ait, dans dix ans, réglé ses problèmes financiers. Rêver, c'est examiner les moyens de dépasser nos problèmes ; et d'abord, comment reconquérir des parts de marché pour favoriser l'emploi. Cela passe par l'enseignement supérieur, la formation, le développement de l'innovation et son transfert à l'ensemble de la société.

Je prendrai l'exemple du conseil général dont je suis le président, qui a commencé par redresser les finances du département. Puis, face à la perte de 25 000 emplois dans le secteur textile, nous avons fait le pari de l'enseignement supérieur et de la recherche pour nous aider à poser les conditions d'un renouveau. Nous avons créé une université pour former des ingénieurs, un technopôle autour pour accueillir et accompagner les porteurs de projets. De nouvelles activités économiques se sont ainsi développées.

Il faut rêver à la réussite de ce modèle, à la capacité de mobiliser l'intelligence pour inventer les conditions d'un renouveau économique. Il faut forger les conditions de la création de richesses - notre modèle social en dépend. Si, par exemple, les universités souffrent, c'est faute de moyens, et faute de professionnalisation. Et on supprime le peu de professionnalisation qui existe : on a réduit le nombre de masters, on veut réduire la formation en alternance. Il faut faire le contraire, parier sur la capacité de l'enseignement supérieur à créer de la professionnalisation, des richesses, des entreprises nouvelles et de l'innovation. Au risque de choquer, je souhaite affirmer d'entrée qu'il faudra un jour, et le plus tôt possible, abandonner le modèle qui consiste à envoyer tout le monde à l'université. En encombrant ainsi l'enseignement supérieur, on l'empêche d'atteindre l'excellence. Cessons d'embarquer les gens dans des situations où ils n'auront jamais de professionnalisation ni de capacité à créer de la richesse, alors que tous ont la capacité d'en créer là où ils sont compétents.

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