Intervention de Michel Magras

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 30 octobre 2013 : 1ère réunion
Groupe de travail « quelle france dans dix ans ? » — Première réunion de l'atelier consacré au projet républicain et à l'avenir de l'europe

Photo de Michel MagrasMichel Magras :

Je suis entièrement d'accord avec ce qui a été dit mais je situe la problématique qui nous est donnée à un autre niveau. La France a aujourd'hui un modèle républicain, mais je ne suis plus du tout certain que les Français le connaissent. Ce modèle a été bâti sur l'égalité entre tous ; or, on constate un sentiment grandissant d'inégalité, de discrimination, d'injustice sociale, ainsi qu'une perte de confiance des Français dans leurs institutions et leurs élus.

Comment faire entrer le rêve français dans l'inconscient des Français ? Comment communiquer avec nos propres concitoyens pour qu'ils apprennent à aimer leur pays ? La place de la France dans le monde va en reculant parce que de moins en moins de pays étrangers croient en la France. Le modèle social français a fait rêver à l'étranger, mais nous constatons de l'intérieur les difficultés à le maintenir.

Je suis entièrement d'accord avec ce qu'a dit Marie-Noëlle Lienemann sur le service militaire suisse. Le Canada, lors des manifestations publiques, est porté par un élan qui fait aimer le pays à tous ses citoyens. Tous les Français, eux, estiment que leur pays va dans le mur. Nous devons changer cet esprit.

Je viens d'une île qui a su faire rêver sa population sur l'évolution de son statut. Et lors de la consultation, 95 % de la population était d'accord avec le choix proposé, parce que nous avions su faire rêver. C'est aussi valable pour l'Europe : de plus en plus de Français se demandent si les règles européennes ne sont pas trop contraignantes, si la France ne devrait pas prendre un peu de recul.

Concernant l'outre-mer, la France en a absolument besoin, pour son rayonnement dans le monde. Et c'est à l'outre-mer de définir sa place dans la République française et dans l'Europe. À Saint-Barthélemy, nous avons fait le choix de devenir pays et territoire d'outre-mer, tout en définissant les règles de notre association avec l'Europe.

Certaines régions du monde, telle la zone Caraïbe, s'organisent pour être prises en considération. Nous, territoires français d'outre-mer, avons un rôle fondamental à jouer dans l'Association des États de la Caraïbe pour y promouvoir le modèle français.

Le service national était extrêmement formateur. Concernant l'enseignement, il y a des choses nouvelles à faire, indépendamment de l'écriture des programmes. Sur le principe de précaution, je suis pour ma part un partisan de la politique du risque, et même de la deuxième chance. Ainsi aux États-Unis, quand quelqu'un prend le risque de monter une entreprise et échoue, il n'est pas rayé de la carte comme en Europe ; on lui donne une deuxième chance de réussir.

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