Nous avions évoqué la dernière fois la crainte de l'abandon des territoires et les opportunités offertes par les nouvelles technologies mais nous n'avions que peu abordé la question de l'impact du vieillissement sur la croissance, la productivité et l'adaptation du système productif. On entend beaucoup parler de silver economy mais nous ne savons rien sur la façon dont elle se traduira concrètement. Notre réflexion doit aussi fournir des pistes permettant d'anticiper cette évolution au-delà de la simple adaptation des postes de travail.
Autre question, celle des générations sacrifiées. Il s'agit de ces jeunes au chômage sans formation qui, dans dix ans, auront vécu dans une précarité de long terme. Comment mesurer l'impact de cette situation ? Quelles réponses apporter à ce qui est un véritable échec du modèle républicain dans la mesure où ce n'est pas le talent qui détermine l'avenir des uns et des autres. Il n'est pas impossible que, n'ayant pas vécu la même chose que nous, ces générations remettent en cause nos propres orientations, comme l'explique très bien Michel Serres dans son livre Petite poucette.
Combien de personnes cela concernera-t-il demain ? Avec quelles conséquences sur leurs droits et sur leur capacité à se projeter dans l'avenir ? S'agit-il seulement d'un phénomène de file d'attente, comme on l'a souvent dit du chômage des jeunes, ou bien, selon l'expression de Dominique Méda, d'une relégation sociale ? Il faudrait savoir si l'on dispose de rapports ou d'éléments sur ces questions.