Intervention de Corinne Bouchoux

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 13 novembre 2013 : 1ère réunion

Photo de Corinne BouchouxCorinne Bouchoux :

À propos de la recherche de nouveaux modèles productifs, je prendrai l'exemple du département du Maine-et-Loire où, sans l'avoir affirmé explicitement, on s'intéresse actuellement beaucoup à l'accueil du quatrième et cinquième âges. Le département est accessible de Paris en une heure et demie de TGV, il dispose d'un CHU et son climat est tempéré, ce qui le rend particulièrement attractif. De surcroît, on recense, dans les zones périurbaines et rurales, une main-d'oeuvre qui, ne trouvant plus d'emplois dans l'industrie, cherche de nouvelles activités. C'est dans ce contexte qu'ont été créées trois résidences privées pour répondre à une demande essentiellement parisienne. L'une s'adresse aux couples dont l'un des membres est dépendant, la deuxième accueille des personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer et la dernière est une résidence à polyactivités pour courts et longs séjours. C'est bien une « industrie » qui se développe, mais comme cela n'a jamais été formulé explicitement, il n'y a pas d'articulation formalisée entre les différents niveaux de collectivités. Qu'il s'agisse du conseil de développement de la région d'Angers, de la région ou des communes les plus reculées, chacun mène ses réflexions de son côté sans qu'elles soient mises en commun. Faute d'une vision d'ensemble de ce nouveau modèle productif, le système de formation risque de reproduire les stéréotypes actuels en considérant, par exemple, que les métiers du soin s'adressent dans 95 % des cas à des femmes. Le risque est grand aussi d'une hypercompétition qui aurait notamment pour conséquence le départ de personnes qualifiées des structures publiques et parapubliques vers des établissements privés un peu plus rémunérateurs. Certes, ces départs pourraient avoir l'avantage de libérer des places pour des personnes à former mais le modèle ne fonctionne malheureusement pas de façon dynamique. Le potentiel existe mais on n'est pas à même de l'exploiter de façon opérationnelle.

Rechercher l'équilibre entre vie active et grand âge, c'est aussi veiller au vivre-ensemble, à l'articulation entre les zones dynamiques où l'on travaille et où l'on étudie et celles qui pourraient s'apparenter à de véritables mouroirs.

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