Pour aller dans ce sens, on peut mentionner le développement ultra-rapide des échanges de services concrets au quotidien. Ces pratiques concernaient initialement les étudiants et tous ceux pour lesquels le recours à l'entraide était une nécessité. Il en découle la mise en relation de personnes qui ne se connaissaient pas et, même si les économistes ne savent pas en mesurer la valeur, cela participe de l'économie de la connaissance. Pour les sociologues et les anthropologues qui s'y intéressent, ce bouleversement des pratiques sociales est aussi difficile à évaluer qu'à anticiper, notamment parce que les personnes concernées n'ont pas forcément envie de le mettre en avant.
Un autre exemple de changement radical des comportements au cours de ces dix dernières années a été l'abandon de la voiture au profit du vélo dans les villes. Il était autrefois réservé aux originaux, aux kamikazes et à ceux qui avaient échoué plusieurs fois au permis de conduire. Ce n'est plus le cas. À Angers, on estime que l'usage du vélo permet d'économiser un plein d'essence par mois. Cela étant, c'est aussi un facteur d'injustice pour ceux qui habitent loin du centre-ville et ne peuvent pas en bénéficier. Il nous faut donc inventer des connexions entre zones urbaines, périurbaines et rurales. Cela constituerait une avancée à la fois politique et économique et nous éviterait d'aller vers le modèle américain des trois ou quatre voitures par famille.
Dans le cadre de cette modification des modes de consommation, la question se posera ensuite de savoir à quoi les gens dépensent le petit peu de ressources supplémentaires ainsi dégagées.