Intervention de Philippe Wahl

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 25 février 2014 : 2ème réunion
Engagement du groupe la poste suite à l'entrée en gestion extinctive du crédit immobilier de france et action du groupe dans le financement des collectivités territoriales — Audition conjointe de Mm. Philippe Wahl président-directeur général de la poste président du conseil de surveillance de la banque postale et rémy weber président du directoire de la banque postale

Philippe Wahl, président directeur général de La Poste et président du conseil de surveillance de La Banque Postale :

Fin janvier, nous avons lancé notre nouveau plan stratégique, intitulé « La Poste 2020 : conquérir l'avenir ». Après avoir travaillé pendant plusieurs mois, après avoir rencontré clients, postiers, élus, les six organisations syndicales, nous avons élaboré un plan stratégique pour nous projeter à l'horizon 2020 en choisissant un modèle multi-métiers, avec une banque, un réseau de bureaux de poste, un opérateur de courrier et un autre dédié aux colis.

En Europe, il y a deux autres modèles stratégiques : en Italie, Poste Italiane ne réalise que 20 % de son chiffre d'affaires dans ses métiers historiques, le courrier et les colis, et s'est spécialisée dans les métiers de l'assurance et de la banque. L'autre modèle est purement logistique : en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, les activités bancaire et réseau postal ont disparu et ne demeurent que des opérateurs de logistique. C'est le cas de Deutsche Post. Nous voulons conserver le modèle multi-métiers qui réalise la synthèse entre les attentes des élus, des clients, des territoires, ainsi que des postiers qui aspirent à l'unité postale. Notre plan de développement parie sur les nouveaux métiers.

Entre l'automne 2011 et la fin 2012, nous avons été appelés à répondre aux graves difficultés de Dexia et du CIF. Avec la Caisse des dépôts, qui est à la fois notre second actionnaire et un grand partenaire stratégique, nous avons participé à la remise en ordre du système bancaire français. Ces deux établissements de crédit avaient des tailles et des métiers différents. Le bilan de Dexia atteignait plus de 600 milliards d'euros (un peu plus de 200 milliards d'euros pour La Banque Postale) tandis que celui du CIF ne représentait qu'une trentaine de milliards d'euros. Dexia était une banque multi-métiers, leader du financement des collectivités locales, alors que le CIF était un petit établissement spécialisé. Dexia était le leader de son marché, très connu de tous les élus, tandis que le CIF était un acteur relativement secondaire. L'origine de leurs problèmes était également différente : Dexia affrontait une crise de risque et de solvabilité. Malgré un risque contenu, le CIF n'avait plus ni trésorerie ni financement. En dépit de ces différences, la conclusion économique et stratégique était la même : le modèle économique de ces deux banques était condamné, ce qui a conduit leurs actionnaires, l'État et l'Union européenne à constater leur mise en résolution ordonnée - une formulation moderne qui s'est substituée à des expressions plus balzaciennes. Nous, postiers, avons été appelés lorsque deux modèles économiques étaient en crise, démontrant qu'ils étaient dépassés.

L'appel à un grand groupe public et à sa banque était logique et légitime puisqu'il s'agissait de sauvegarder l'intérêt public. Aussi avons-nous volontiers répondu à l'appel des pouvoirs publics pour traiter du financement des collectivités territoriales comme de l'accession sociale à la propriété. Les discussions ont parfois été difficiles. Nous avons défendu nos intérêts tout en ayant toujours à l'esprit l'intérêt public.

L'année dernière, devant votre commission, Jean-Paul Bailly et moi-même, avions eu l'occasion de vous expliquer la philosophie qui a sous-tendu notre action durant cette période. Nous étions d'accord pour répondre aux besoins des clients comme à l'intérêt public, non pour rependre les bilans, car nous aurions été alors en grande difficulté. Durant l'automne et l'hiver 2011, vous étiez extrêmement inquiets et nous sommes intervenus pour répondre aux besoins de financements des investissements des collectivités. Nous avons tenu le même raisonnement pour le CIF : l'accession sociale à la propriété répondant à un besoin profond et renforçant la cohésion sociale, nous avons donc décidé d'investir ce segment de marché, sans pour autant reprendre les risques du passé.

À l'époque, nous avons reçu le soutien du Gouvernement et des élus et nous avons pris deux engagements : s'agissant du financement des collectivités, nous nous sommes engagés à devenir l'un des acteurs majeurs et à mettre en place, en moins d'un an, une banque des collectivités locales. Le 11 février 2012, François Fillon a arrêté le dispositif et nous avons décidé de proposer des financements à moyen et long terme avant la fin de l'année et des emplois à certains personnels de Dexia. Nous nous sommes également engagés à associer les collectivités locales, ainsi qu'à défendre un nouveau modèle de financement avec des produits simples, des longueurs de prêts adossées en liquidités et de bonnes marges.

En ce qui concerne l'accession sociale à la propriété, nous nous étions engagés à créer un service et une offre adéquate à La Banque Postale, à financer plusieurs milliards d'acquisition, notamment pour la clientèle la plus modeste, à créer un comité d'orientation associant toutes les parties du logement social et à offrir 300 emplois au personnel du CIF.

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