Monsieur le directeur, c'est avec un grand plaisir que nous vous accueillons devant notre commission pour cette audition consacrée aux évolutions du contexte stratégique depuis 2008, c'est à dire depuis l'adoption du Livre blanc sur la sécurité et la défense. C'est la deuxième fois que nous vous entendons en commission puisque vous étiez déjà venu lorsque vous dirigiez le Pôle religions du ministère. Je rappelle que ce pôle a pour objectif d'intégrer dans notre réflexion diplomatique le fait religieux et qu'il a joué un rôle important pour expliquer la position de notre pays dans l'affaire du voile et pour présenter la conception de la laïcité qui est la nôtre. Nous vous interrogerons sans doute sur la montée en puissance des partis et des groupes islamistes au sein des printemps arabes.
Vous êtes à la tête d'une direction à laquelle nous nous sommes intéressés de près dans le cadre des travaux sur l'anticipation qu'a menés, en notre nom, notre collègue Robert del Picchia. Du reste le ministre d'Etat, comme l'a fait le premier ministre encore récemment devant l'IHEDN, constate notre « myopie collective » pour déceler les prémisses des printemps arabes. Ma question est simple : avons-nous subi une chirurgie laser pour remédier à cette myopie ? Mais avant d'en arriver là nous voudrions vous entendre dans le cadre de nos travaux de préparation de la révision du Livre Blanc sur la sécurité et la défense de 2008.
Cette révision doit intervenir en 2012, vraisemblablement à cheval sur les élections présidentielles et législatives. Le Gouvernement a demandé au Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) de conduire, dès à présent, une réflexion sur les évolutions du contexte stratégique. Cette réflexion a commencé dès le mois de septembre et devrait se conclure fin décembre par la remise d'un rapport qui sera examiné par le Conseil de défense et approuvé par le Président de la République. Le Secrétaire général, M. Francis Delon, devrait venir présenter les travaux du SGDSN devant notre commission début décembre.
Afin de pouvoir exprimer nos propres analyses de manière utile, nous avons mis en place des groupes de réflexion dont le mandat est d'identifier, non pas tous les changements intervenus de manière exhaustive, mais les principales lignes de fracture ou les principaux mouvements de la tectonique des pouvoirs.
Nous avons ainsi souhaité nous concentrer sur : les conséquences des printemps arabes ; l'OTAN, l'Union européenne et « alliances » en général ; les menaces transverses ; les conséquences des crises économiques et financières.
Monsieur le directeur, je vous passe la parole.