Si l'ASEAN a longtemps pris l'Union européenne comme perspective, sinon comme modèle, elle cherche aujourd'hui sa propre voie, qui fasse une part plus belle au consensus. Une anecdote : j'ai vu un jour, suite à une bagarre sur un terrain de football, le match être suspendu le temps que les deux équipes tiennent une réunion... pour revenir ensuite poursuivre la partie ! Il faut tenir compte, ensuite, de l'échelle interétatique bi ou tri latérale, avec un nombre important d'organisation ad hoc, par exemple en matière de lutte contre la piraterie, ou encore sur l'échange d'étudiants - sans que l'ASEAN en soit saisie.
La France n'est pas très présente, mais quelque 10 000 de nos compatriotes résident à Singapour, c'est loin d'être négligeable. Des entreprises françaises renforcent leur présence - en particulier Thales. Nous pouvons renforcer notre présence de multiples façons, sans renfort budgétaire. Je pense que la visite navale de bâtiments présents dans la région, produit toujours un certain effet - par exemple Le Mistral en 2011. Ensuite, l'échange scientifique de chercheurs est une composante essentielle du soft power d'un pays, nous pouvons faire bien mieux qu'aujourd'hui, d'autant que nos scientifiques sont très appréciés dans la région.
Enfin, l'Australie est bien sûr un acteur majeur de la région, longtemps perçu comme l'adjoint du sheriff américain. Les relations entre l'Australie et l'Indonésie ont été contrariées par une affaire d'espionnage, et il faut signaler également que les militants australiens des droits de l'homme ont le don d'agacer les dirigeants dans la région. Enfin, l'attitude des autorités sur l'immigration clandestine en direction de l'Australie - consistant à fermer les yeux dès que cette immigration ne fait que passer... - compte aussi dans les relations avec les Australiens.