Monsieur le ministre, nous sommes heureux de vous recevoir pour examiner ensemble le budget de la politique de coopération pour 2012 et, plus généralement, les enjeux de cette politique pour les mois à venir.
Quand on considère la situation des finances publiques et la priorité que nous devons accorder à la réduction de notre endettement, certains pourraient considérer qu'il faut réduire notre effort d'aide au développement pour se concentrer sur notre environnement immédiat.
Mais quand on voit la situation très instable des pays du Maghreb à la sortie du printemps arabe, quand on considère les conséquences désastreuses de la famine pour la corne de l'Afrique, quand on imagine les défis auxquels une Afrique de plus de 1,8 milliard d'habitants sera confrontée, on se dit que notre coopération est non seulement un instrument de notre présence et de notre influence, mais également une contribution importante à un environnement mondial plus sûr pour la France et les Français.
De notre point de vue, quatre séries d'enjeux pour la politique étrangère de la France y sont désormais liées. Il s'agit tout d'abord de la paix et de la stabilité internationale : comment ne pas voir qu'un Maghreb stable est la condition de notre sécurité mais aussi de notre prospérité ? Un Maghreb prospère peut être une chance dans un monde où l'Europe fait face au dynamisme de l'Asie.
Il s'agit ensuite de la légitimité de la globalisation elle-même, qui ne saurait réussir sans inclure la majeure partie de la population de la planète.
Le troisième ordre d'enjeu porte sur les causes communes de l'humanité, je pense au changement climatique ou à la perte de biodiversité.
N'oublions pas enfin, les enjeux de notre influence culturelle et politique, comme ceux de nos intérêts commerciaux, ou de stratégie économique, dans un monde dont le centre de gravité est en train de basculer vers le Pacifique. C'est dire combien les enjeux de la politique de développement que vous dirigez sont nombreux et importants.
Mais, avant d'aborder le budget, je voudrais d'abord vous poser une question sur votre champ de compétence. Je comprends que l'aide au développement est une compétence partagée entre votre ministère, celui des affaires étrangères dont vous dépendez, celui des Finances, à travers la direction du Trésor, qui exerce la cotutelle sur l'agence française de développement (AFD), mais aussi à travers la direction du budget à laquelle personne n'échappe et, naturellement, sous l'autorité du Président de la République qui a fait de l'aide au développement un des thèmes de la présidence du G 20.
Dans ce contexte, pouvez-vous nous préciser, avec le recul que vous avez désormais, quelle est votre conception du rôle du ministre de la coopération ?