Je respecte le point de vue de M. Hue, mais les chiffres montrent que l'aide publique française augmente : elle est passée de 5 milliards d'euros il y a dix ans à 10 milliards aujourd'hui. Après avoir progressé de 8 % en 2010, elle restera stable de 2011 à 2013. Qu'elle demeure insuffisante, je suis prêt à l'admettre, mais songez au contexte économique !
Pour ce qui est de la taxe sur les transactions financières, il faut sauter les haies les unes après les autres : quand son principe sera admis, il sera temps de parler de son affectation. La Commission européenne voudrait en conserver le produit, car elle verrait ainsi se réaliser son rêve d'un impôt européen ; la France a d'autres vues. Dans notre pays même, le sujet fait débat : les uns veulent en profiter pour réduire la dette ou du moins alléger le service des intérêts, mais selon moi ce serait une erreur de rater cette occasion historique d'assurer le financement de l'aide au développement. L'Union européenne prévoit que cette taxe rapportera 50 milliards d'euros à l'échelle des Vingt-sept : la part qui nous reviendrait ne serait qu'une goutte d'eau par rapport aux 1 600 milliards de la dette publique, et aux 48 milliards d'intérêts annuels !
Quant à savoir si le ministère de la coopération doit dépendre ou non de celui des affaires étrangères, chaque solution comporte ses avantages et ses inconvénients. Sachez cependant que je me félicite chaque jour de travailler avec M. Alain Juppé.