Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 7 avril 2011 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Situation en côte d'ivoire

Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants :

Votre exposé, monsieur Béteille, est parfaitement exact et restitue la réalité telle que l’on peut la mesurer à cet instant.

La force Licorne est présente en Côte d’Ivoire, comme le sont tous les éléments de l’armée française présents dans ce pays, sur le fondement d’accords bilatéraux anciens qui ont été renouvelés. Il s’agit non pas d’une présence d’opportunité, ad hoc ou de circonstance, mais d’une présence qui découle d’accords gouvernementaux et seule l’instabilité politique, qui perdure depuis dix ans, vous l’avez dit, dans ce pays, n’a pas permis de les renouveler.

C’était une force modeste en effectifs – moins de 1 000 – dont l’objectif était de garantir la sécurité de nos compatriotes sur l’agglomération d’Abidjan.

Au terme de l’élection présidentielle et de la reconnaissance par la communauté internationale, en particulier par les États africains proches, de résultats donnant la majorité à Alassane Ouattara, la force Licorne, dans le cadre des résolutions de l’ONU, notamment de la résolution 1975, a été mise à la disposition, en tant que de besoin et, le cas échéant, à la demande expresse du secrétaire général, pour des opérations de soutien à l’ONUCI. Vous l’avez dit, tel a été le cas.

La situation est extraordinairement difficile sur l’agglomération d’Abidjan, qui comporte aujourd'hui encore plus de 4 millions d’habitants, où des troupes débandées du pouvoir précédent font courir aux populations des risques majeurs et où sévissent aussi des bandes de pillards qui saisissent les opportunités que crée l’absence totale d’État de droit pour en tirer un bénéfice personnel.

Dès lundi soir, nous avons demandé, proposé, offert à l’ensemble de la communauté française d’Abidjan un repli sur le camp de Port Boué. Nos compatriotes sont nombreux à avoir fait ce choix. D’autres, pour des raisons que l’on peut comprendre, sont restés chez eux.

À cet instant, la situation militaire est la suivante : les troupes de l’ONUCI ont encadré dans un quadrilatère limité les derniers défenseurs de l’ancien président Gbagbo. Ces troupes contrôlent les deux ponts principaux qui assurent la liaison entre le nord et le sud d’Abidjan.

L’essentiel de la communauté française est au sud et protégé. Nous nous efforçons de répondre à chaque demande d’exfiltration – car les télécommunications fonctionnent –, mais c’est de plus en plus complexe, en particulier s’agissant des deux hôtels d’un groupe français bien connu qui servent de points d’appui pour ceux qui, au nord, n’ont pas répondu en temps voulu à l’appel à se replier du gouvernement français.

Nous sommes obligés de suivre en temps réel la situation et je ne puis donc malheureusement pas vous rassurer autrement qu’en soulignant que le fait qu’en passant désormais à 1 700 hommes la force Licorne est capable de résister ou de proposer d’intervenir, sous réserve naturellement de ne pas aggraver un conflit ivoiro-ivoirien.

Le réalisme m’interdit, monsieur le sénateur, de vous répondre autre chose à propos de cette situation qui est donc d’une extrême tension et qui peut évoluer d’heure en heure.

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