Monsieur le Premier ministre, vous êtes au pouvoir : c’est à vous de donner le signal, l’exemple. En ce sens, nous avons apprécié votre adresse à l’opposition sur ce thème : il n’est jamais trop tôt pour rassembler ; il est souvent trop tard.
Rassembler, c’est ainsi respecter le Parlement. Pour nous, le Parlement, c’est naturellement le bicamérisme, le rôle et le travail de la Haute Assemblée.
Nos échanges, ici même, voici quelques mois, ont laissé des souvenirs : à vous, de votes rejetant très majoritairement vos projets, à nous, d’un refus de toute concession et d’un renvoi à la toute-puissance de l’Assemblée nationale.
Nous attendons autre chose : une volonté réelle de travailler avec le Sénat et toutes ses sensibilités, et l’expression claire, de votre part, que vous ne nous considérez pas comme une anomalie, et que l’indépendance du Sénat ne vous amènera pas à envisager, sous d’autres prétextes, sa transformation en assemblée de seconde zone !
En tête de votre discours de politique générale figurent trois mots : vérité, efficacité, confiance.
Votre réponse, c’est d’abord le pacte de responsabilité. La grande majorité de notre groupe y est favorable, d’abord parce que ce pacte reconnaît la place de l’entreprise, de nos artisans, de nos PME et de nos PMI, de celles et ceux qui, dans ce pays, entreprennent, parce que vous dites : « Sortons des défiances, des postures, des caricatures. »
Oui, s’il n’y a pas d’entreprises, il n’y a pas d’emplois. Oui, il est plus que temps de sortir des débats d’un autre âge ; la mondialisation est là, le numérique est partout.
Les entreprises ne peuvent pas se développer dans un carcan administratif devenu insupportable et souvent suicidaire pour notre économie. L’urgence, c’est de simplifier, et simplifier tant l’acte de création et de production que la gestion quotidienne. Cela ne veut pas dire laisser tout faire : nous, radicaux, avons créé le droit du travail et sommes attachés au dialogue social et à l’intervention de l’État dans l’économie et la finance, non pas un État tatillon, mais un État protecteur de la liberté d’entreprendre et des droits des plus faibles.
Vous proposez de baisser le coût du travail et vous avez raison de porter les allégements à 30 milliards d’euros. Accélérer ce calendrier ne pourrait qu’être positif, même si c’est très difficile.
Pour ce qui est du SMIC, les cotisations patronales à l’URSSAF seront entièrement supprimées au 1er janvier 2015. Vous proposez également d’abaisser les cotisations familiales jusqu’à trois fois et demie le SMIC, de baisser les cotisations des travailleurs indépendants et des artisans, de réduire les impôts de production, d’abaisser l’impôt sur les sociétés.
À tout cela, très majoritairement, nous apportons notre soutien. Et, d’ailleurs, je n’ai guère entendu, depuis des années, tous bords politiques confondus, de propositions tellement plus convaincantes.
Vous avez, en outre, décidé d’alléger la fiscalité pesant sur les ménages modestes, dont les nouveaux cotisants à l’impôt sur le revenu. Il suffit d’avoir fait du porte-à-porte pour se rendre compte des dégâts causés par cette mesure. Certes, elle avait été décidée sous le précédent quinquennat, mais le gouvernement précédent ne devait point l’assumer.
Vous êtes courageux en reconnaissant la nécessité de réduire la dette publique, héritage commun des gouvernements successifs. Sur ce sujet également, nous sommes majoritairement d’accord.
Il reste tout de même un problème d’arithmétique, monsieur le Premier ministre. Vous prévoyez de réaliser 50 milliards d’économies d’ici à 2017. Or, sur ces 50 milliards d’euros, il y en a 11 dont l’origine m’échappe un peu et sur lesquels des explications de votre part seraient les bienvenues…
Monsieur le Premier Ministre, tout ce travail, toutes ces mesures en faveur de la compétitivité, pour arracher au forceps quatre points de compétitivité, c’est bien, mais mineur par rapport à la cherté de l’euro, lequel a pris 10 % depuis l’été 2012. La question primordiale, essentielle, c’est bien celle du cours de l’euro.
Vous avez rappelé votre attachement à la solidité du couple franco-allemand et à l’Europe – pour notre part, nous avons toujours défendu avec acharnement la construction européenne –, mais vous n’avez pas répondu à cette question : comment allez-vous procéder pour faire baisser le cours de l’euro, qui est trop cher pour nous, mais si cher à notre puissante voisine ? Je vous remercie par avance de votre réponse.
Au cours de votre déclaration de politique générale, vous avez ciblé deux priorités au chapitre « Redresser la France, c’est la redresser dans la justice ».
Vous avez d’abord évoqué l’école de la République. Cette école laïque qui donne sa chance à chaque enfant, celle que nous aimons, cette école va mal. L’illettrisme est un véritable fléau. Aujourd'hui, 10 % ou plus des enfants quittent le système scolaire sans maîtriser l’écriture et la lecture.