Intervention de Manuel Valls

Réunion du 9 avril 2014 à 16h30
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Manuel Valls, Premier ministre :

Honnêtement, est-ce que cela fait deux ans qu’on les attise ? Non ! Si nous en sommes là aujourd'hui, c’est parce que les problèmes existent malheureusement depuis un certain nombre d’années.

Sur les sujets comme la fin de vie et l’immigration, il faut essayer de construire des consensus ; en tout cas, moi, j’essaierai. Il ne s’agit pas d’être d'accord sur tout, puisqu’il faut bien trancher à un moment, mais, si nous voulons nous concentrer sur l’essentiel, c'est-à-dire sur le redressement économique du pays, il faut oublier un certain nombre de querelles et avancer ; c’est ce que nous demandent les Français.

Je souhaite enfin revenir sur la réforme territoriale. Monsieur Placé, je vous remercie de votre soutien, un soutien vigilant, notamment sur la question des territoires ruraux ; Jean-Pierre Caffet l’a évoquée lui aussi.

Monsieur Zocchetto, j’ai eu un moment de palpitation quand vous avez cité Matteo Renzi, comme on le fait d'ailleurs souvent pour saluer sa volonté réformatrice. Or le nouveau président du conseil italien a proposé de supprimer le Sénat ; vous avez remarqué que je ne suis pas allé jusque-là ! §Mais laissons cette plaisanterie, de mauvais goût ici, j’en suis bien conscient.

Nous posons les termes d’un débat sur ces réformes de structure. Je suis évidemment attaché à l’histoire du pays. Je vois bien quels sont les rôles de la commune et du département – du conseil général, pour être plus précis. Il ne m’a pas échappé que le niveau départemental, avec le conseil général et le réseau des préfectures et sous-préfectures, est fondamental en matière de politiques sociales, d’aménagement du territoire, de proximité, de cohésion territoriale et sociale. En même temps, je me dis que c’est l’occasion de changer et de moderniser ce pays.

Monsieur Mézard, je suis vraiment très attentif à la question de la proximité et de la distance. Mais précisément : quand je constate le sentiment d’abandon qui existe déjà aujourd'hui – je ne le nie pas du tout –, je me dis que la proximité des préfectures, des sous-préfectures et des capitales régionales n’empêche pas les problèmes. Le temps des évolutions est venu en ce qui concerne l’intercommunalité, les régions et, à l’horizon 2021, les départements. Entrons dans ces débats.

Des questions se posent, comme celle de la proximité. J’ai parlé hier à l’Assemblée nationale des territoires ruraux, de l’espace rural, de la ruralité. J’en ai encore parlé aujourd'hui, monsieur Zocchetto ; j’ai même insisté sur le sujet.

Cela étant, nous ne pouvons pas différer ces débats. Sinon, ce sera le rabot permanent, les économies cherchées tous les ans sur les mêmes secteurs, les mêmes budgets.

C’est toute la difficulté : nous ne sommes pas en capacité de prendre suffisamment de distance pour faire des réformes de structure qui nous permettront demain des gains de productivité.

C’est toujours comme cela que les gouvernements ont agi. Il y a eu de grandes réformes de la décentralisation : la réforme de Pierre Mauroy et Gaston Defferre, le développement très important de l’intercommunalité par Jean-Pierre Chevènement sous le gouvernement de Lionel Jospin, l’avancée, avec notamment l’inscription de la décentralisation dans la Constitution, réalisée par Jean-Pierre Raffarin lorsqu’il était Premier ministre – à force de vous citer, je vais finir par vous causer des ennuis, monsieur Raffarin… §–, ou encore la création des métropoles.

Reconnaissons toutefois que nous sommes aujourd’hui au bout de quelque chose et qu’il faut trouver de nouveaux leviers. On peut continuer à « bricoler », mais cela ne suffit pas : nos territoires urbains sont lézardés par les fractures que j’ai évoquées, et les habitants d’un certain nombre de territoires ont un sentiment d’abandon. Je tiens néanmoins à souligner – car nous avons tendance à ne parler que des problèmes en oubliant nos atouts - que notre agriculture, nos agriculteurs, nos exploitants agricoles sont aussi une force pour la conquête de marchés partout dans le monde ; il y a là un potentiel tout à fait extraordinaire.

Il faut poser les termes du débat. Nous aurons des désaccords – c’est normal –, mais je porterai ce débat et nous avancerons. C'est pour cela que nous avons fixé des échéances concernant les régions, l’intercommunalité et, demain, les départements. Soyez assurés que je serai attentif aux propositions et contre-propositions du Sénat, et plus largement au dialogue que nous nouerons ensemble.

Mesdames, messieurs les sénateurs, je suis convaincu que nous sommes à l’un de ces moments où tout peut basculer. Au-delà de nos différences, nous nous devons d’être les uns et les autres à la hauteur des événements, et c'est ce que la France est toujours capable de faire le mieux.

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