Madame la secrétaire d’État, je voudrais appeler l’attention de votre collègue, le ministre du redressement productif, sur les difficultés rencontrées par la filière papier recyclé en France, plus particulièrement en Charente.
Les papeteries locales, en raison d’un coût trop élevé, sont de moins en moins en mesure d’acheter les vieux papiers recyclables, qui constituent pourtant la matière première de leur industrie. Alors qu’il y a encore dix ans le coût fluctuait autour de 44 euros la tonne, il atteint aujourd’hui 110 euros, sans compter les frais liés au transport. L’une des papeteries du département de la Charente estime ainsi avoir besoin chaque mois de 7 500 tonnes de papier recyclé. Les conséquences pour la trésorerie sont donc loin d’être négligeables : un rapide calcul montre que cela représente, pour cette entreprise, près de 6 millions d’euros de dépenses supplémentaires sur un an.
Les grands groupes de récupération, français ou étrangers, se soucient moins du prix et achètent en masse. Sur les sept millions de tonnes de vieux papiers collectées chaque année dans notre pays, environ trois sont expédiées à l’étranger. Il est tout à fait regrettable qu’une collecte financée avec l’argent du contribuable, à travers notamment la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, profite en définitive à l’économie chinoise ou espagnole. Les syndicats de récupération du papier admettent eux-mêmes revendre la plus grande partie de leur collecte en dehors du département, les règles des marchés publics ne leur permettant pas d’instaurer une préférence locale.
La fermeture récente d’une papeterie concentrant son activité sur le recyclage du papier, à Magnac-sur-Touvre, dans la banlieue d’Angoulême, a profondément traumatisé un département attaché à une filière papier vieille de plusieurs siècles et reconnue pour sa qualité. Il me semble donc nécessaire de tout mettre en œuvre pour sauvegarder et développer l’activité de notre industrie dans ce département comme dans le reste du pays.
Aussi, je vous demande de bien vouloir préciser de quelle manière l’État serait susceptible d’intervenir afin d’assurer l’avenir des filières papier locales.