Intervention de Gérard Bailly

Réunion du 15 avril 2014 à 14h30
Agriculture alimentation et forêt — Article additionnel après l'article 24, amendement 236

Photo de Gérard BaillyGérard Bailly :

Cet amendement est très important pour les zones d’élevage où l’on subit la présence d’importantes populations de campagnols qui détruisent les prairies.

Aujourd'hui, l’assurance récolte ne couvre pas les risques pour les prairies. Par ailleurs, la DPA, la déduction pour aléas, peut être appliquée pour l’acquisition de fourrage dans les six mois qui suivent ou qui précèdent la reconnaissance de l’état de calamité agricole, mais ne peut pas l’être en cas de perte liée à un risque sanitaire ou environnemental, par exemple en cas d’infestation par des campagnols ou des taupes, de risque sanitaire résultant d’un épandage de boues d’épuration, de plantes invasives, etc.

La préservation des espaces consacrés à la prairie nécessite une meilleure prise en compte de la gestion des risques pour ces surfaces.

C’est pourquoi les cosignataires de cet amendement et moi-même – nous aurions pu être beaucoup plus, tant sont nombreuses les zones où les prairies sont envahies par les campagnols – proposons d’introduire cet article additionnel.

Les campagnols reviennent tous les trois ou quatre ans : c’est un phénomène cyclique. À cet égard, je vous renvoie à la lecture d’un article paru récemment dans un journal de la Haute-Loire – région très souvent touchée par ce fléau –, que j’ai trouvé sur nos travées samedi dernier, et intitulé : Le rat dans la prairie : la mort annoncée de celle-ci. Selon cet article, il peut y avoir parfois jusqu’à un millier de campagnols dans un hectare de prairie ! Dès lors, le fourrage est vite récolté… Et je vous laisse imaginer le réseau de galeries que ces animaux creusent dans le sol ! Aussi, lorsqu’on remet des bêtes à paître sur ces prairies, celles-ci deviennent de véritables pataugeoires, surtout s’il pleut !

Auparavant, on traitait le sol avec de petites charrues et on empoisonnait les campagnols. C’est désormais interdit ; cela se comprend, car le poison polluait les eaux et pouvait faire périr d’autres animaux. Aujourd’hui, l’éleveur n’a d’autre solution que de courber le dos en attendant qu’arrive la phase suivante du cycle des campagnols et d’acheter du fourrage pour son cheptel...

Je veux également signaler que la présence de campagnols peut avoir des conséquences sur la santé humaine : je pense à l’échinococcose alvéolaire mais aussi à cette maladie professionnelle qu’est la maladie du poumon du fermier. En effet, quand on récolte les restes de foin dans ces prairies infestées par les campagnols, on soulève surtout beaucoup de terre qui se retrouve finalement dans les poumons du faucheur.

L’amendement n° 236 rectifié vise à soutenir les éleveurs des zones affectées régulièrement par ce type de calamité, en leur permettant d’acheter du fourrage grâce à la déduction fiscale pour aléas. C’est une solution possible dans la mesure où, aujourd’hui, malheureusement, on n’a toujours pas trouvé le moyen d’éradiquer les campagnols. Et pourtant, nos voisins suisses consacrent des crédits importants à la lutte contre ce fléau !

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