Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, mon propos, très court, se limitera aux OPEX. Je ne reviendrai pas sur leur sous-budgétisation ; je l'ai déjà soulignée lors de la discussion du budget de la défense. J'évoquerai donc la préparation, l'encadrement et la finalité des OPEX.
À la lumière des difficultés rencontrées par les États-Unis en Irak, on voit bien que gagner la guerre ne signifie pas gagner la paix. Nos soldats connaissent également de sérieuses difficultés en Afghanistan, en Côte d'Ivoire, au Kosovo, au Liban, et ailleurs. Leur présence peut, certes, contribuer à faire cesser partiellement ou totalement les affrontements. Mais pour combien de temps ? Un jour, ils devront partir, et j'espère qu'ils laisseront une situation améliorée. Mais ce n'est pas toujours évident, car j'ai le sentiment que les volets diplomatique et économique viennent après le volet purement militaire.
Je prendrai l'exemple du Kosovo, où nos soldats, nombreux, bien équipés et bien entraînés, se trouvent sous mandat de l'ONU. Avec leurs collègues d'autres nations, ils font régner une paix précaire, qui ne semble pas mettre en place les possibilités d'entente entre Albanais et Serbes.
J'ai été stupéfait d'apprendre et de constater sur le terrain que chaque communauté a ses propres écoles, interdites à l'autre. Autrement dit, les enfants serbes apprennent le serbe et ignorent l'albanais. Quant aux enfants albanais, ils font de même à l'égard du serbe. Et l'ONU laisse faire ! Nos soldats veillent, à côté de ces écoles du rejet de l'autre. Comment imaginer que ces enfants, demain, puissent se comprendre, s'accepter et s'entendre ?
Notre diplomatie, monsieur le ministre, aurait dû ne pas accepter cette situation et exiger de l'ONU qu'elle impose aux Albanais et aux Serbes une école pour tous. Chacun aurait ainsi pu préparer un avenir commun.
Lorsque les soldats de l'ONU, c'est-à-dire aussi les nôtres, partiront du Kosovo, il est à craindre que ces deux communautés se déchirent une nouvelle fois. À quoi aurons-nous servi ? À retarder un nouvel affrontement ? Mais est-ce suffisant ? Personnellement, je ne le pense pas.
Les OPEX ont besoin de plus de diplomatie pour préparer, pour accompagner et, éventuellement, pour finaliser les opérations. Car il ne suffit pas d'y aller ! Il faut savoir comment, pourquoi et en discuter, afin d'éviter ce que vont connaître les États-Unis : quitter l'Irak en laissant une situation pire que celle qu'ils ont trouvée en arrivant.
Il me paraît indispensable d'avoir un débat au Parlement sur ce problème des OPEX, qui ne cesse de s'amplifier en coût et en risque. Si vous ne pouvez pas demander à tous nos partenaires de l'Union européenne de partager les risques physiques liés aux OPEX, monsieur le ministre, vous pourriez en revanche leur demander d'en partager le coût. Qu'en pensez-vous ?