Intervention de Marcel Rainaud

Réunion du 29 avril 2014 à 9h30
Questions orales — Renouvellement des forêts dans le cadre du plan national filière bois

Photo de Marcel RainaudMarcel Rainaud :

La filière bois est reconnue comme l’une des filières industrielles d’avenir, et pour cause : la France possède la troisième forêt d’Europe et nous recensons plus de 450 000 emplois liés à ce secteur. En Languedoc-Roussillon, on ne compte pas moins de 1, 2 million d’hectares boisés exploitables.

La France est devenue le quatrième exportateur de sciages de bois. Cette exportation croissante de grumes non transformées vers les pays émergents fragilise pourtant cette filière. Les raisons de cette fragilisation sont multiples, et je me fais là l’écho des réflexions des exploitants forestiers et scieurs que je rencontre depuis plusieurs mois.

La première tient à la quantité sollicitée et attendue pour les prochaines années, car les besoins en bois dépasseront la capacité de production et risquent de décapitaliser nos forêts.

La deuxième raison est liée à la différence des normes européennes et chinoises en matière de traitement phytosanitaire du bois et à l’impact de la cyperméthrine sur notre environnement.

La troisième raison concerne la vitalité économique des entreprises de première et de seconde transformation. La demande chinoise a fait augmenter les prix ; ainsi, les scieries locales peinent à s’approvisionner et à être compétitives par rapport aux conditions d’export vers l’Asie.

Aujourd’hui, la filière bois se trouve dans une situation paradoxale et singulière. En effet, il s’agit de la seule filière qui doive répondre à une demande exponentielle tout en étant tenue de maintenir un capital qui ne portera ses fruits qu’au bout de trente ans, quarante ans, voire cinquante ans, suivant les essences produites par la sylviculture.

L’exportation de nos ressources forestières ne pourra être entièrement bénéfique que dans la mesure où des moyens de régulation seront mis en place pour ne pas nuire à notre compétitivité. La forêt est un patrimoine et un investissement à long terme qui se maintient uniquement dans les cas où la récolte rapporte au moins cinq fois le capital initial investi afin d’assurer le reboisement.

Monsieur le ministre, vous avez donné des signes forts à la filière, aussi bien par le projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt dont nous venons de débattre, que par le plan national d’action pour l’avenir des industries de transformation du bois ou par l’installation du comité stratégique de la filière bois. Par ces trois mesures, vous voulez relever ce défi : maintenir une production importante pour répondre aux besoins du marché, tout en assurant la pérennité de la forêt et de toute l’économie que fait vivre cette filière.

Pour y parvenir, nous devrons harmoniser les règles en matière de normes sanitaires pour le traitement du bois destiné à l’export. Nous devrons en outre favoriser le renouvellement de la forêt par un Fonds stratégique de la forêt et du bois qui incitera à la sylviculture, mais aussi donner les moyens nécessaires aux exploitants pour mobiliser le bois.

Ma question est donc simple : mon collègue Roland Courteau et moi-même aimerions que vous précisiez les moyens que le Gouvernement entend consacrer à ces trois axes.

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