Intervention de Hervé Marseille

Réunion du 29 avril 2014 à 9h30
Questions orales — Code de déontologie des infirmiers

Photo de Hervé MarseilleHervé Marseille :

Dernier né des institutions ordinales, l’ordre national des infirmiers a été créé par la volonté du législateur le 21 décembre 2006.

La loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires a confirmé les dispositions de 2006 prévoyant la rédaction d’un code de déontologie par l’ordre, charge au ministère d’édicter ce code sous la forme d’un décret en Conseil d’État.

Vous le savez, l’ordre national des infirmiers, comme l’ensemble des institutions ordinales de notre pays, a reçu délégation des pouvoirs publics. Ainsi, il exerce des fonctions juridictionnelles au travers de ses chambres disciplinaires, présidées par des magistrats de tribunaux administratifs et par un conseiller d’État au niveau national dont les décisions sont susceptibles d’être déférées devant le Conseil d’État. De fait, il contrôle l’accès à la profession et garantit la sécurité des soins pour les patients en veillant au respect des bonnes pratiques et de la déontologie.

Actuellement, cette juridiction ordinale fonde ses décisions sur des règles professionnelles incluses dans le code de la santé publique. Or ces dernières datent de 1993 et n’ont pas été mises à jour, alors que la législation sanitaire a considérablement évolué depuis vingt ans et que la profession d’infirmier est elle-même en complète mutation.

Il apparaît aujourd’hui indispensable que ces règles professionnelles prennent en compte les évolutions affectant le monde de la santé et plus particulièrement l’exercice infirmier. Dernier exemple en date : la volonté affichée de M. le Président de la République de créer un statut d’infirmière clinicienne pour 2016. Il s’agit d’une mesure annoncée dans le cadre du plan cancer III et attendue depuis longtemps par la profession. Ces professionnels aux « pratiques avancées », qui auront suivi une formation sur cinq ans, pourront accomplir certains actes médicaux comme la consultation ou la prescription.

De même, en appelant de ses vœux, dans le cadre de la stratégie nationale de santé, l’exercice pluriprofessionnel, Mme Touraine va augmenter le champ de compétences des infirmières et infirmiers. Cette augmentation de compétences ou, en d’autres termes, de droits, appelle un corollaire immédiat : l’augmentation des devoirs. Ces derniers doivent être identifiés et contrôlés par l’ordre au travers du respect de règles facilement identifiables par le professionnel ou par les patients au sein d’un document unique.

Au vu de ces constats, pouvons-nous réellement envisager une évolution des pratiques sans évolution de la déontologie ? La réponse est non ! Il est donc naturel de revoir les règles professionnelles inhérentes à la profession d’infirmier. C’est ainsi que l’existence même d’un code de déontologie pour les infirmiers est requise.

L’ordre national des infirmiers a présenté aux services du ministère un projet de code de déontologie au premier semestre de 2010. Quatre ans après, le décret n’a toujours pas été pris, au mépris patent de la lettre du législateur. Le document, qui ne fait que vingt-quatre pages, est pourtant rédigé en français ! Cela est d’autant plus étrange que, depuis 2012, des avenants au code des sages-femmes et des pédicures podologues ont été pris par décret en Conseil d’État sans aucun souci et dans un délai de quelques mois après leur transmission par les ordres concernés.

Certaines situations sont pourtant alarmantes. Je tiens notamment à appeler l’attention de Mme la ministre sur les cas de refus de soins, par des infirmiers en exercice libéral, de patients connaissant de très lourdes prises en charge mais restant à leur domicile par choix ou faute de place en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Face à l’ancienneté et l’imprécision des textes sur les refus de soins, le juge ordinal ne peut aujourd’hui juger avec précision les professionnels mis en cause et prendre en compte la complexité des situations. La santé publique gagnerait à ce que les structures disciplinaires de l’ordre des infirmiers puissent s’appuyer sur un texte remis à jour. Le code de déontologie répondrait à cet impératif.

Autre exemple, celui de la publicité : il serait utile de préciser l’usage que les infirmiers peuvent faire d’internet, qui n’existait simplement pas en 1993. Ici encore, la rédaction du code répondrait à cette nécessaire mise à jour.

Aussi, je vous prie, madame la secrétaire d’État, de bien vouloir nous préciser sous quels délais sera édicté le décret d’application de la loi du 21 décembre 2006 portant code de déontologie des infirmiers. Il s’agit d’un impératif pour la qualité des soins que nous devons à nos concitoyens.

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