Intervention de Jean-Vincent Placé

Réunion du 29 avril 2014 à 21h45
Projet de programme de stabilité pour 2014-2017 — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Jean-Vincent PlacéJean-Vincent Placé :

Des solutions existent pour imposer, face aux marchés, la souveraineté financière de l’Europe. En recourant à ces solutions, nous aurions pu nous dispenser de ces économies prélevées sur les prestations sociales de nos concitoyens qui restent, même si vous avez, monsieur le Premier ministre, répondu à l’appel de votre majorité en épargnant les plus modestes, encore beaucoup trop douloureuses.

Les écologistes ne peuvent se résoudre à voir l’austérité escamoter progressivement la solidarité, qui fut le ciment fondateur de l’Europe.

Stabilité et constance, encore, dans la politique de l’offre et de la baisse du prix du travail – expression que je préfère à celle de coût du travail –, entamée avec le CICE et prolongée par le pacte de responsabilité.

Là non plus, comme nous l’avons déjà dit, les écologistes ne se satisfont pas davantage d’une Europe qui laisse la compétition l’emporter sur la coopération ; là encore, des solutions existent : s’engager résolument dans l’harmonisation de nos fiscalités permettrait d’atténuer progressivement la concurrence que l’on laisse aujourd’hui s’exacerber entre les États, y compris intra-européens. Participer à cette course à la baisse du prix du travail, qui nivelle par le bas la qualité de nos emplois et de nos produits, ne peut constituer un projet d’avenir pour la France et pour l’Europe.

L’avenir consiste, au contraire, à penser les besoins de la société de demain et à développer une économie à même d’y répondre. La politique de l’offre, monsieur le Premier ministre, aurait pu contribuer à cette réponse. Ne vous y trompez pas, je ne suis pas contre le fait d’aider les entreprises, ce qui n’aurait pas de sens, mais il aurait fallu mettre en place un outil sélectif, sectoriel, et s’abstenir de considérer que toute entreprise, petite ou multinationale, déficitaire ou bénéficiaire, polluante ou écologique, est susceptible de bénéficier indifféremment de la manne publique.

Un tel choix permettrait non seulement d’économiser les milliards déjà gaspillés dans de gigantesques effets d’aubaine, mais il permettrait surtout, à l’heure où beaucoup de nos concitoyens doutent – c’est un euphémisme – de la capacité de la politique à changer la société, de retrouver la puissance et les vertus d’un État stratège susceptible d’investir dans les filières d’avenir.

À cet égard, je pense à Alstom, qui est un vrai sujet d’ordre stratégique, dont je parlerai dans ma conclusion, mais aussi aux énergies renouvelables, aux transports collectifs, à l’agriculture biologique, aux services à la personne et au numérique. Il s’agirait aussi de soutenir la reconversion des filières dangereuses ou en déclin, à savoir le nucléaire et l’industrie du diesel.

Mais un bon exemple vaut mieux qu’un long discours. §

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