Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, parlons clair : le programme de stabilité dont nous débattons aujourd’hui tire son importance du fait qu’il engage la souveraineté financière de la France, la crédibilité politique du Gouvernement et la responsabilité collective de la majorité présidentielle.
D’abord, faisons la part des choses. Aujourd’hui, nous dit-on à l’envi, souvent en levant les bras ou la mine désespérée, la dépense publique dépasse en France 57 % du PIB du pays. On nous dit même que nous détiendrions la médaille d’argent en la matière derrière le Danemark !
Soyons réalistes, ce pourcentage n’est pas un problème en soi. Il n’est que le marqueur d’un modèle d’allocation des ressources de la nation issu de notre histoire et dont nous n’avons pas à rougir : il est le fruit d’arbitrages successifs qui ont construit, au fil de nombreuses décennies, la physionomie, originale à plus d’un titre, de ce qu’il est convenu d’appeler le « modèle français », modèle social aux fondements économiques et politiques bien spécifiques.
Ce qui est un problème, c’est que dans la phase actuelle de l’évolution du système économique mondial, qui est une phase non pas de crise temporaire, mais de crise de mutation, qui appelle des restructurations de notre système productif, la France est endettée au-delà de ce qui est raisonnable en regard de ses capacités de remboursement.
Or que l’on tourne la question dans un sens ou dans un autre, nous devrons rembourser les intérêts de notre dette. Et, comme le Premier ministre l’a rappelé voilà quelques instants, c’est tout de même 45 milliards d’euros chaque année !
Il est juste de souligner que cette dette est le fruit de nombreuses années consécutives, comme une fuite en avant. Rappelons que la dette publique a augmenté de 30 % au cours du dernier quinquennat, passant de 64 % du PIB à plus de 90 % en 2012.
Rappelons également que la politique menée durant les deux quinquennats précédents a gonflé la dette publique – beaucoup d’orateurs l’ont indiqué –, qui s’élève à plus de 900 milliards d’euros, dont 300 milliards, certes, à cause de la crise, mais dont 600 autres milliards proviennent d’une politique délibérée d’allégements fiscaux en faveur des plus aisés, au détriment de la recherche d’une plus grande égalité sociale.
Aussi nous trouvons-nous aujourd’hui dans une situation devant laquelle la France ne peut plus reculer, sauf à remettre en question les fondements mêmes de sa souveraineté et hypothéquer durablement sa croissance.
Le programme de stabilité est un compromis entre la réduction de notre dette publique et le soutien à la croissance. Ce programme représente un engagement que nous devons tenir, vis-à-vis de la Commission européenne, d’un côté, vis-à-vis de nos partenaires européens, d’un autre côté, mais surtout, et d’abord, vis-à-vis des Français. Seule la réduction des déficits peut assurer la pérennité de notre modèle social, même si cette pérennité doit être assurée au prix d’une réforme de nos structures économiques et politiques.
Nous ne devons pas laisser croire aux Français que ce combat est facile !
Nous devons, au contraire, leur dire et leur expliquer clairement que la période que nous traversons est difficile – ils l’ont d’ailleurs bien compris ! – et que nous ne nous sortirons de cette mauvaise passe qu’en « jouant collectif », comme on dit en rugby, un sport qui m’est cher, c’est-à-dire en faisant des efforts, mais en faisant des efforts partagés.
Car les Français veulent que les efforts qui leur sont demandés soient justement répartis et qu’ils apparaissent utiles.
Quand le Gouvernement choisit de mettre en œuvre un programme de 50 milliards d’euros, ce n’est pas au hasard, « au doigt mouillé ».
Ces 50 milliards correspondent à des choix affirmés et assumés : il ne s’agit pas de choix correspondant à un programme de 35 milliards, et encore moins de 80 !
Ces 50 milliards correspondent à l’effort qu’il faut consentir pour contenir la progression de la dépense publique au niveau de l’inflation, qui devrait s’élever à + 0, 1 % en volume sur la période 2015-2017.
Malgré le caractère composite du message adressé par les Français au Gouvernement par le biais des dernières élections municipales, ...