Monsieur le ministre, jusqu’en 2001, l’arsénite de sodium, appelé communément pyralium, était le seul fongicide capable d’enrayer les maladies du bois de la vigne : l’eutypiose, l’esca et le BDA, ou black dead arm. Ce produit phytosanitaire cancérigène pour les vignerons et toxique pour l’environnement a été heureusement interdit ; depuis lors, aucun traitement curatif n’a été capable de lutter contre ces champignons.
En effet, si le mildiou peut faire des ravages, le traitement à la bouillie bordelaise, par exemple, est permis ; efficace, il préserve la récolte. Toutefois, l’eutypiose, l’esca et le BDA demeurent, et ils déciment les parcelles. Le taux de ceps contaminés ne cesse de progresser et, à partir de 20 %, c'est toute la parcelle qu’il faut arracher.
Ces champignons constituent, avec la flavescence dorée, les dangers phytosanitaires les plus préoccupants pour le vignoble. Des facteurs environnementaux étant très propices aux vecteurs, l’absence de moyens de lutte directs fait de ces champignons le rocher de Sisyphe des viticulteurs.
Aussi, désemparés, les viticulteurs n’ont pour eux que des mesures prophylactiques. Dans mon département, l’atelier bois et plants de vigne de la chambre d’agriculture de Palaja, – vous l’aviez visité et inauguré, monsieur le ministre, en 2012 – a mené des recherches fructueuses sur le traitement à l’eau chaude, portée à cinquante degrés, qui est le seul moyen préventif et biologique pour traiter les plants touchés par la flavescence dorée.
Concernant l’esca, les viticulteurs agissent également en limitant les plaies de taille, en arrachant et en brûlant les souches malades, ainsi qu’en désinfectant leurs outils.
Je cite les spécialistes : « L’esca, c’est le phylloxéra du XXIe siècle. Si on laisse faire, dans vingt ans, il n’y a plus de parcelles plantées en vigne ».
En conséquence, l’urgence est aujourd’hui de trouver des solutions durables pour maîtriser les maladies du bois de la vigne qui affectent lourdement le secteur viticole. Les viticulteurs français ont besoin d’avancées de la recherche, pour que celle-ci puisse proposer des outils fiables, rapides, non dangereux pour l’homme et l’environnement, économiques, rentables et simples d’utilisation.
La mise en commun des connaissances des chercheurs européens est par conséquent nécessaire.
Aussi, je souhaiterais, monsieur le ministre, avoir un état des lieux des projets de recherche en cours et vous demander si nous ne pourrions pas lancer, au niveau français et européen, avec l’INRA et l’Institut français de la vigne et du vin, un grand projet de recherche publique fondamentale.