Intervention de Éric Denoyer

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 14 mai 2014 : 1ère réunion
Audition de Mm. éric deNoyer président-directeur général de numericable group et jérôme yomtov directeur général délégué de numericable

Éric Denoyer, président-directeur général de Numericable Group :

Effectivement, l'installation est si simple via le câble de télévision que dans la moitié des cas nous envoyons la box au client, qui la branche directement, sans intervention sur place de notre part. Numericable est un précurseur du très haut débit puisque nous connectons un million de foyers à plus de 30 mégabits, là où Orange en dessert 370 000. Notre investissement est continu depuis dix ans, avec une moyenne de 300 millions d'euros par an, ce qui a représenté 20% de notre chiffre d'affaires.

Chez Numericable, nous avons toujours pensé que le coeur de notre développement passait par un réseau fixe performant qui puisse répondre à la demande exponentielle de débit fixe ou mobile : c'est ce qui se confirme avec les objets connectés. Il faut savoir aussi que 90 % du trafic de données des smartphones empruntent le réseau fixe, via le wifi. L'avenir est à la convergence des réseaux, les consommateurs en ont besoin et c'est bien là que se créera l'essentiel de la valeur. Cette convergence est à l'oeuvre dans d'autres pays européens : c'est le cas en Allemagne avec Vodafone, au Portugal avec l'opérateur de câble ZON et en Espagne avec le rapprochement entre ONO et Vodafone.

Le rapprochement entre Numericable et SFR accélèrera la couverture du territoire en très haut débit. Nous disposons d'un réseau capillaire de 10 millions de prises, dont 8,5 millions sont accessibles aux offres triple play et 5,2 millions sont modernisées en fibre optique jusqu'en bas de l'immeuble ou à l'entrée de la zone pavillonnaire. SFR dispose d'un réseau en fibre optique de 57 000 kilomètres hérité de Télécom Développement, racheté par Neuf Cegetel. Ce réseau dessert toutes les gares de France, ce qui va nous permettre de raccorder rapidement notre propre infrastructure à ce backbone.

Le rapprochement de nos deux infrastructures créera le plus grand réseau de fibre optique européen ; nous valoriserons cet investissement et nous disposerons d'un outil pour créer de la valeur, ce qui permet de dépasser cette « guerre des prix » à quoi se réduit trop souvent la concurrence entre opérateurs.

Le nouvel ensemble NumericableSFR aura les moyens d'accélérer la mise en oeuvre du plan très haut débit. Numericable a déjà prévu d'équiper 9 millions de foyers en très haut débit d'ici fin 2016. La fusion permettra d'équiper 12 millions de logements pour 2017, avec un investissement complémentaire de 450 millions d'euros sur trois ans. En 2020, notre objectif est d'équiper 15 millions de foyers en très haut débit, le tout en autofinancement. Nous avons des liens historiques avec les collectivités locales et nous prévoyons de consacrer 50 millions annuels à des projets cofinancés avec celles-ci, pour aller dans des territoires où nous ne pourrons investir seuls. Tout ceci va dans le sens du plan très haut débit.

Notre projet de rapprochement, ensuite, est favorable à l'emploi parce que nos deux entreprises ont des activités complémentaires et parce qu'il va générer de la croissance. C'est une dimension essentielle du projet : la complémentarité entre Numericable, leader du très haut débit en France, et SFR, qui dispose de 21 millions d'abonnés au mobile, de 5 millions d'abonnés fixe et d'une marque forte, sans doublons entre les deux entreprises, ce qui est la première garantie pour la préservation de l'emploi.

Le nouvel ensemble industriel générera de la croissance sur le marché du fixe grâce au très haut débit, sur le marché du mobile grâce aux offres quadruple play et sur le marché « entreprises » en en devenant le deuxième acteur derrière Orange. C'est parce qu'il s'agit d'un projet de croissance que nous avons pu signer un accord que je n'hésite pas à qualifier d'historique, garantissant l'emploi dans les deux entreprises pendant trois ans.

Nous avons également décidé que le nouvel ensemble conserverait la marque SFR car c'est une marque forte, la plus ancienne parmi les opérateurs puisqu'elle précède Orange, et que l'opinion publique associe à l'innovation : ce sera favorable à l'amélioration des contenus, donc aux consommateurs.

Enfin, ce projet est soutenu par la communauté économique et financière mondiale. Numericable Group va racheter SFR pour 13,5 milliards d'euros, à travers son actionnaire Altice, et Vivendi conservera 20 % de l'ensemble. Le 23 avril, nous avons bouclé les émissions obligataires pour un montant global de 7,9 milliards d'euros, auxquels s'ajoutent des emprunts bancaires pour 3,7 milliards. Ce financement sur les marchés a été un succès mondial, démontrant la solidité de notre stratégie industrielle et la confiance des investisseurs dans ce projet d'une entreprise française cotée à Paris et dont les actifs ne sont pas délocalisables.

À l'issue du regroupement, notre niveau d'endettement sera plus faible que celui d'autres acteurs de l'industrie des télécommunications. Le ratio de dette sur Ebitda, soit la dette sur le résultat d'exploitation avant amortissements, sera de 3,5 quand d'autres opérateurs du câble ont des ratios de 4 ou 5. De plus, cette dette n'oblige à aucun remboursement avant 2019, ce qui laisse entière notre capacité d'investissement pour atteindre nos objectifs de développement.

Désormais, nous attendons l'autorisation de l'Autorité de la concurrence.

Ce projet de rapprochement Numericable-SFR a donc un vrai sens industriel, et présente une grande pertinence pour l'emploi, l'investissement et la croissance. Il marie deux entreprises très complémentaires pour affronter la compétition dans le très haut débit, qu'il soit fixe ou mobile, au bénéfice du consommateur, de l'activité et des territoires.

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