Intervention de Stéphane Mazars

Mission commune d'information sur le sport professionnel — Réunion du 29 avril 2014 : 1ère réunion
Examen du rapport

Photo de Stéphane MazarsStéphane Mazars, rapporteur :

Oui. À part le football et le rugby, il n'y aura pas beaucoup d'autres sports arrivés à maturité en 2020. Nous ne souhaitons pas que les collectivités se désengagent, mais qu'elles s'engagent autrement, par des aides non plus au fonctionnement mais à l'investissement. Nous nous trouvons à un moment charnière où le modèle économique tend vers une autonomie de plus en plus importante des clubs professionnels qui veulent maîtriser leur infrastructure sportive, par une pleine propriété ou par une pleine gestion, pour obtenir des moyens financiers autres que les subsides versés par les collectivités locales. C'est une bonne chose que les clubs se responsabilisent ainsi.

Le sport féminin et le handisport sont loin d'être arrivés à maturité, et ils ne le seront certainement pas en 2020, d'où le peu de place qu'ils occupent dans le rapport. Les collectivités doivent contribuer à les faire émerger et les accompagner dans leur émancipation. À quel niveau doivent-elles intervenir ? Nous ciblons l'intercommunalité. Dans mon département rural, s'il doit y avoir demain un club professionnel, il est évident que c'est l'agglomération du Grand Rodez qui sera à même de le porter.

L'AAI vous paraît un « machin » supplémentaire. Pourtant il ne s'agit pas de créer quelque chose de nouveau, mais de rassembler dans une même entité les missions qu'assure l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) dans le domaine sportif et celles des DNCG. L'autorité indépendante serait en charge de réguler le monde du sport professionnel où les fédérations voient leur pouvoir confisqué par les ligues, elles-mêmes souvent dépossédées par quelques clubs. L'existence d'une autorité indépendante résoudrait tout cela. La régulation pourra concerner l'organisation des compétitions ; la réflexion sera plus objective sur le choix du modèle financier, qui suscite toujours des opinions divergentes. Le contrôle de gestion des clubs est assuré par les DNCG, qui n'ont pas un statut indépendant. Certes, à ce jour, on ne déplore aucune affaire regrettable, mais il faut prendre en compte la montée en puissance du sport business... Comme tout régulateur économique, l'AAI pourrait également apporter son expertise sur certaines questions - l'implantation d'une aréna, le choix d'un bail emphytéotique, etc. Enfin, elle pourra réguler le maillage du territoire et la concurrence entre infrastructures car au nom de la polyvalence, les lieux de concerts, d'expositions, de spectacles, risquent de se multiplier à l'excès.

Si le projet des JO est porté par le Grand Paris, il faudra travailler en amont avec les acteurs sportifs. La région manque cruellement d'arénas pouvant accueillir 10 à 15 000 spectateurs. Les clubs qui ont vocation à résider dans ces nouvelles infrastructures devront être consultés. C'est le projet élaboré avec eux qui serait mis au suffrage du plus grand nombre.

Sommes-nous trop péremptoires dans nos propositions ? C'est un parti pris d'audace. Il s'agit de tracer l'avenir d'un sport professionnel qui tend à devenir de plus en plus un sport business. Le sport de haut niveau est une industrie en train d'éclore. Nous devons l'accompagner en posant les bonnes questions. Le débat est déjà ouvert. Dans mon département, à Rodez, il n'y a aucun club professionnel au sens propre, mais tous les clubs se considèrent comme tels car ils atteignent tout de même un certain niveau - fédérale 1 en rugby, nationale 1 en handball, nationale 3 en basket et ligue pro en football féminin. Même loin de la maturité, ils voudraient maîtriser les infrastructures et avoir la main sur les installations sportives. Nous résistons ! L'air du temps est à la professionnalisation et à l'industrialisation, non pas du sport, mais du spectacle sportif. C'est le cas dans les pays anglo-saxons, la France n'a pas vocation à rester à la traîne.

Le Comité national olympique et sportif français a un rôle à jouer dans l'accompagnement des clubs professionnels et la gestion des fonds dédiés au développement des grandes infrastructures. Il pourrait jouer un rôle plus important encore, complémentaire de celui du CNDS, centré sur le sport pour tous.

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