Intervention de Stéphane Richard

Commission des affaires économiques — Réunion du 20 mai 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Stéphane Richard président-directeur général d'orange

Stéphane Richard :

Il y a certes eu des réussites, mais aussi dans certains cas, de l'argent public dépensé. Peut-être que l'opérateur historique n'a pas toujours été clair, mais certaines collectivités territoriales n'ont pas, de leur côté, été forcément très raisonnables.

Fixer un objectif à 2020 pour le déploiement de la fibre est certes ambitieux. Cela supposerait une forte accélération. L'arrivée du quatrième opérateur s'est faite au pire moment. Les opérateurs censés déployer le réseau fixe sont aussi ceux du mobile, et détériorer leurs marges, fût-ce pour redonner du pouvoir d'achat au consommateur, n'est pas sans conséquences. Alors que la baisse des prix ne portera guère SFR ou Bouygues Telecom à investir, beaucoup reposera sur Orange - qui a dû, lui aussi, parer à bien des difficultés, et a réduit de 60 % les dividendes versés à son actionnaire public...

Si on laisse le système tel quel, sans tenir compte du risque lié à l'irruption du câble, on a peu de chance de parvenir à l'objectif en 2020. Trois évolutions, à mon sens, s'imposent. Il faudra, tout d'abord, trouver des mécanismes pour éviter les redondances dans les zones denses - ce qui passe par un rééquilibrage des conditions concurrentielles entre les infrastructures. Il faudra, ensuite, trouver une formule sur les zones AMII pour sécuriser l'objectif de déploiement, voire l'accélérer, par exemple en recherchant de nouveaux financements. Pour éviter, enfin, de recréer, avec le déploiement de la fibre, une fracture numérique, il faudra, dans les zones où l'on a vu mettre en place des RIP, trouver d'autres sources de financement. Les fonds européens devraient être sollicités.

Il convient de distinguer entre raccordement d'un côté, et bascule des clients du cuivre sur la fibre, de l'autre. Notre taux de transformation est encore faible, de l'ordre de 13 % : 2,7 millions de foyers connectés à la fibre, mais 350 000 clients seulement. Notre objectif est d'arriver à un taux de 25 % sous trois ans. Cela suppose d'accélérer la bascule des clients du cuivre vers la fibre. Nous sommes pour l'extinction du cuivre à terme. L'expérimentation que nous avons menée à Palaiseau, où nous ne proposons plus, depuis octobre 2013, de nouvel abonnement assis sur le réseau cuivre, est une réussite, mais qui a exigé de surmonter des difficultés. Tout est question de calendrier. Il faudra être pragmatique, sans dogmatisme, et prendre également en compte, les aspects sociaux du problème.

M. Retailleau demande ce que sera notre politique dans les zones très denses câblées. Je serai franc. Notre logique d'entreprise est d'essayer d'acquérir le maximum de clients avec une équation économique satisfaisante. Une compétition va s'organiser dans les zones denses, c'est le modèle qui le veut, et que l'on a voulu lorsque l'on a privatisé. Nous n'allons pas, pour autant, consacrer tous nos moyens à faire la guerre à Numericable, et délaisser le reste du territoire, mais nous souhaiterions que les pouvoirs publics et que le régulateur ne restent pas indifférents...

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