Intervention de Stéphane Richard

Commission des affaires économiques — Réunion du 20 mai 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Stéphane Richard président-directeur général d'orange

Stéphane Richard :

Vous avez parfaitement raison et nous sommes conscients du problème. Nous n'avons pas envie de nous retrouver seuls face aux 10 millions de foyers de ces zones AMII, où nous étions censés co-investir. Nous cherchons des solutions. Nous travaillons par exemple avec l'État et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) sur l'hypothèse de création d'un véhicule spécifique destiné à sécuriser le financement et accélérer les choses.

Un mot sur le projet de rapprochement avec Bouygues Telecom. L'irruption d'un quatrième opérateur français a profondément déstabilisé le secteur. Elle a provoqué une contraction de marché très violente pour Bouygues Telecom, qui avait beaucoup investi sur le bas du marché et déployé son réseau aux coûts et conditions qui étaient ceux d'alors. Le quatrième opérateur, en revanche, est arrivé à des conditions très avantageuses ; il a eu du temps, grâce à l'itinérance - même si elle a été onéreuse pour lui - pour déployer son réseau, et il le fait en un temps où les coûts sont trois fois moindres qu'à l'époque où Bouygues Telecom a déployé le sien. Avec la structure de coût et la position de marché qui étaient les siennes, ce dernier a subi un choc violent : voilà déjà plusieurs trimestres que son résultat opérationnel ne suffit plus à financer ses investissements.

Le marché français ne peut pas supporter quatre opérateurs, c'est ma conviction profonde. Entre la vision technocratique et la réalité de l'économie, il y a parfois un monde. Cette réalité n'est pas propre à la France. L'Allemagne est confrontée au même problème et souhaite passer de quatre à trois opérateurs - la Commission européenne tranchera fin juin. Mais c'est aussi le cas en Irlande, en Espagne et en Italie. Il faudra bien que certains avalent leur chapeau et que l'on en revienne à plus de concentration.

Les combinaisons possibles, ensuite, sont le fruit d'un raisonnement économique et de la vie de l'entreprise, avec ses hommes, ses logiques industrielles et son actionnariat. Pour Bouygues Telecom, il n'y a pas trente-six solutions dans un scénario de consolidation : soit un rapprochement avec Iliad-Free, soit avec nous. Aucun acquéreur non français ne pourrait lui proposer un prix convenable.

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