Cet amendement, soutenu par la commission du développement durable, est probablement l’un des amendements importants que nous avons à examiner cet après-midi.
Dans sa rédaction adoptée par l’Assemblée nationale, le rapport annexé fixait l’objectif de réduire progressivement les soutiens apportés par la France aux énergies fossiles, cet objectif devant être porté par l’ensemble des banques multilatérales de développement.
Cette position était tout à fait cohérente avec les objectifs défendus par la France dans le cadre de la préparation de la conférence de Paris sur le climat – devant les commissions du développement durable et des affaires étrangères, il y a quelques jours, Laurent Fabius a exposé l’ambition de la France pour ce sommet. En même temps, elle était pragmatique puisque l’adverbe « progressivement » permettait de laisser du temps au temps. L’orientation choisie, donc, tout en étant ambitieuse, était en lien avec le réel : elle n’était ni théorique, ni idéologique, ni théologique.
Or la commission des affaires étrangères a restreint la portée de cet objectif aux seuls concours apportés aux énergies fossiles dans le cadre de la politique de développement.
Cette modification pourrait laisser entendre que la France a une politique différente à l’égard des énergies fossiles dans sa politique de développement, où elle réduirait progressivement les soutiens qu’elle leur apporte, et dans d’autres politiques publiques, où elle continuerait de les soutenir. Je puis vous assurer que cette contradiction ne passerait pas inaperçue dans les instances internationales et dans les lieux de négociation !
Amener l’ensemble des pays à conclure un accord ambitieux à Paris est actuellement l’une des priorités de la politique étrangère française. Pour réussir cette entreprise extrêmement difficile, nous devons être parfaitement crédibles et prévenir toute faille dans notre position.
Or la modification adoptée par la commission des affaires étrangères crée une véritable faille. Pour participer à ces négociations internationales, je puis vous garantir que nombre d’acteurs non étatiques recherchent constamment des failles et des incohérences dans les positions des uns et des autres. Mes chers collègues, croyez-moi : le changement rédactionnel adopté par la commission des affaires étrangères ne passera pas inaperçu !
C’est pourquoi je vous propose de rétablir la formulation que l’Assemblée nationale a votée. Il y va – je pèse mes mots – de la crédibilité de la stratégie française défendue par Laurent Fabius dans les négociations climatiques internationales.
Je répète que l’adverbe « progressivement » permet déjà un certain nombre d’adaptations, dans un souci de pragmatisme. Renonçons donc à la formulation adoptée par la commission, qui est dangereuse !