Intervention de Louis Nègre

Réunion du 3 juin 2014 à 14h30
Réseau d'infrastructures de recharge de véhicules électriques — Adoption en procédure accélérée d'une proposition de loi dans le texte de la commission modifié

Photo de Louis NègreLouis Nègre :

… d’autant que le développement de cette filière d’excellence entraîne de fortes retombées positives en termes environnementaux, économiques et sociétaux, ainsi que sur le plan de la santé publique, ce qui est au moins aussi important, monsieur Dantec !

Les premiers résultats permis par ce volontarisme d’État sont significatifs. En France, en 2013, 13 954 véhicules électriques ont été vendus, soit 50 % de plus qu’en 2012. À plus longue échéance, une étude que vous avez citée, monsieur le ministre, prévoit que, en 2022, 35 millions de véhicules fonctionnant sur la base d’une technologie électrique seront en circulation dans le monde. On peut ajouter que, à terme, les véhicules électriques représenteront de 10 % à 15 % du marché automobile, qui est, je le rappelle, de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’unités vendues par an, tous pays confondus.

Il est significatif de constater que, au cours des trois dernières années, les ventes de véhicules électriques ont été vingt fois plus importantes que les ventes des premiers modèles de véhicules hybrides, il y a quinze ans ! Cette accélération du tempo commercial confirme le développement positif de la filière.

Au vu de ces prévisions et de ces statistiques concrètes, la France est donc leader. Elle se doit de conserver sa place dans le peloton de tête des pays champions de l’électromobilité, ne serait-ce que pour l’emploi industriel de demain, ainsi que pour notre balance du commerce extérieur…

Parallèlement à l’action de l’État, nombre de collectivités locales, à l’image de la métropole Nice Côte d’Azur – que vous avez malencontreusement oublié de citer, monsieur le ministre –, se sont engagées elles aussi résolument dans cette voie.

J’en veux pour preuve que Nice Côte d’Azur a été la première agglomération, avant Paris et le service Autolib’, à créer dans un environnement de smart grid, sur l’initiative de Christian Estrosi, ancien ministre de l’industrie, un système d’autopartage de véhicules électriques. Ce dernier met aujourd’hui à disposition 66 stations, 198 voitures, 66 bornes de recharge et 132 places destinées à la recharge de véhicules électriques privés. Motif de satisfaction supplémentaire, cette mobilité décarbonée rencontre, sur le terrain, un grand succès auprès des utilisateurs azuréens.

Cet engouement se comprend dès lors que l’on sait que 85 % des Français parcourent moins de 65 kilomètres par jour. Par conséquent, même si l’autonomie du véhicule électrique est aujourd'hui limitée, celui-ci peut tout à fait répondre aux besoins de la plupart de nos concitoyens. Ayant eu l’occasion de tester un véhicule électrique Renault pendant un an, je puis en témoigner : il m’a permis d’effectuer 95 % de mes déplacements dans mon département. Cet élément n’est pas intégré dans l’appréhension de la « dimension culturelle » du véhicule électrique et des déplacements en France.

La voiture électrique apparaît donc bien adaptée aux attentes de la grande majorité de nos concitoyens, y compris en milieu rural. Comme vous l’avez indiqué, monsieur le ministre, 75 % des Zoé sont vendues en milieu rural. Qui l’eût cru ? Ce chiffre surprenant est inconnu de la plupart des Français.

Pour autant, c’est loin d’être la « fin de l’histoire » ; nous n’en sommes qu’aux prémices. De 25 000 à 30 000 véhicules électriques sont en circulation aujourd’hui. Le Livre vert envisageait la présence de 2 millions de véhicules électriques sur nos routes en 2020 ; au mieux, nous atteindrons la moitié de ce chiffre ! On compte à ce jour environ 8 000 points de recharge, chiffre inférieur, là encore, aux prévisions initiales. Quant aux collectivités locales, elles n’ont utilisé que 12 millions d’euros sur les 50 millions d’euros de l’enveloppe mise à disposition.

Bref, monsieur le ministre, le bilan est contrasté. Je le regrette. Ce n’est pas être négatif que de le dire, c’est être réaliste, tout simplement, et ce réalisme nous confirme dans la conviction qu’il est absolument nécessaire de poursuivre à marche forcée la mise en œuvre de la politique engagée depuis quatre ans, d’autant que l’Europe, dans son projet de directive, prévoit l’installation de 55 000 points de recharge. En France, nous en sommes loin !

Aussi cette proposition de loi facilitant le déploiement d’un réseau d’infrastructures de recharge de véhicules électriques sur l’espace public est-elle accueillie favorablement par le groupe UMP.

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