Intervention de Jean-Claude Requier

Réunion du 3 juin 2014 à 14h30
Réseau d'infrastructures de recharge de véhicules électriques — Adoption en procédure accélérée d'une proposition de loi dans le texte de la commission modifié

Photo de Jean-Claude RequierJean-Claude Requier :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, cette proposition de loi visant à faciliter le déploiement d’un réseau d’infrastructures de recharge de véhicules électriques sur l’espace public revêt une importance tout à fait cruciale, car elle nous invite à opérer un choix stratégique.

En effet, il nous revient en définitive de décider si, oui ou non, nous donnons sa chance à l’électromobilité en France. Un tel choix, mes chers collègues, doit être courageux, réfléchi et éclairé.

Pourquoi devons-nous miser sur le développement du véhicule électrique ?

Tout d’abord, parce que nous pouvons le faire ! En effet, nous disposons en France d’atouts formidables et nécessaires, c'est-à-dire d’entreprises d’envergure et de renommée mondiales, dans le secteur de l’automobile comme dans celui de la distribution d’électricité.

Le véhicule électrique pourrait donc être une filière industrielle d’avenir. Eu égard à la persistance de la crise économique et sociale, à la situation d’une industrie française chaque jour un peu plus sinistrée, aux attentes déçues des Français, qui ont conduit aux résultats électoraux que l’on sait, nous commettrions, me semble-t-il, une faute en l’ignorant.

Le développement du véhicule électrique pourrait être une formidable occasion, car cette filière représente un vaste gisement d’emplois, et il contribuerait de plus à l’émergence de nouveaux métiers, liés par exemple à la fabrication des batteries.

Il nous faut encore souhaiter le développement du marché des véhicules électriques pour d’évidentes raisons de responsabilité environnementale et de santé publique.

Je pense d’abord au respect de l’objectif de réduction de 40 % des émissions européennes de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et, partant, au respect de nos engagements internationaux. Sachant que le transport routier est responsable de 95 % de ces émissions, on comprend aisément en quoi le développement de l’électromobilité est un levier d’action majeur.

En outre, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, paru au mois de mars 2014, est particulièrement alarmant : sans un « changement rapide », nous apprend-il, l’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre conduira à une hausse de température importante, entre 3, 7 et 4, 8 degrés. Ce sera peut-être positif pour la viticulture dans les zones les plus septentrionales, mais ce sera très mauvais à tous autres égards ! §

Je ne reviendrai pas ici sur les conséquences connues d’un tel accroissement de température. J’attire simplement l’attention sur le fait que la présente proposition de loi offre une occasion d’amorcer un changement.

Par ailleurs, l’avènement de la « mobilité décarbonée » serait également un moyen efficace de lutter contre la pollution de l’air et les multiples pathologies qui lui sont associées. À mes yeux, l’actualité, en l’occurrence les pics de pollution de ces derniers mois et les mesures prises en conséquence, par exemple la contraignante circulation alternée, atteste de l’urgence qu’il y a à s’attaquer au cœur du problème.

En outre, en termes d’amélioration du cadre de vie de nos concitoyens, le véhicule électrique constitue également, par sa souplesse et son silence, une réponse satisfaisante en matière de lutte contre les nuisances sonores liées au trafic routier.

Enfin, au-delà de l’atout considérable, sur le plan industriel, et de l’impératif écologique que je viens de mentionner, l’exposé des enjeux ne saurait être complet sans que soit au moins évoquée la réduction de notre dépendance énergétique au pétrole, et donc aux pays producteurs de celui-ci.

Il convient de comprendre que c’est maintenant qu’il faut faire le pari de l’électromobilité ! Il semble en effet que les conditions soient enfin réunies pour permettre l’expansion du secteur.

S’il est indéniable que le marché des véhicules électriques reste encore marginal, force est de constater que la filière connaît une phase d’accélération. Les ventes, certes modestes, ont progressé significativement ces cinq dernières années, et elles ont même bondi de 50 % entre 2012 et 2013. Toutefois, elles ont connu une baisse de 30 % au cours de ces derniers mois.

De plus, nous savons que ce mode de transport est adapté aux besoins de la majorité des utilisateurs. En effet, alors que l’autonomie moyenne d’une batterie est actuellement de 120 kilomètres, 87 % des trajets quotidiens sont, selon les statistiques, inférieurs à 60 kilomètres en Europe.

Les enquêtes d’opinion font également état d’une réceptivité accrue des Français à ce nouveau modèle de mobilité. Il s’agit, comme le soulignait notre collègue Louis Nègre, de gagner la bataille de l’opinion.

Enfin, dans la mesure où les constructeurs français sont actuellement leaders sur le marché européen et en bonne position sur le marché mondial – qui n’a pas entendu parler de la Zoé ? –, c’est maintenant ou jamais qu’il faut franchir le pas !

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