Quant aux classes moyennes, privées d’aides et de ressources suffisantes, elles ne trouvent finalement pas leur place dans ces dispositifs.
Les colonies de vacances sont donc manifestement en perte de vitesse. Cette situation, nous le pensons tous, est infiniment regrettable : tout d’abord, parce que les colonies sont un espace de socialisation et d’expérimentation important pour les jeunes ; ensuite, parce qu’elles sont bien sûr un outil de mixité sociale, comme l’était autrefois le service militaire. N’oublions pas non plus qu’elles participent au développement du tourisme et à l’économie des territoires, notamment ruraux ou de montagne. Enfin, leur perte de vitesse est regrettable sachant que près de trois millions d’enfants et de jeunes aujourd'hui ne partent pas en vacances. Ce phénomène est grave. Je pense donc que l’État doit retrouver un rôle actif d’incitateur au départ en colonie de vacances et assurer le maintien des centres de vacances sur l’ensemble du territoire national.
Cependant, les solutions préconisées dans le rapport de l’Assemblée nationale à ce sujet reposent parfois sur des financements difficilement mobilisables, qu’il s’agisse d’une taxe supplémentaire sur les vacances familiales ou de la récupération des aides sociales distribuées par la CAF. L’obligation pour les très petites entreprises de proposer des chèques-vacances me semble également difficilement envisageable, surtout en cette période de crise.
Quant à la taxation de l’hôtellerie de luxe, outre le fait que cette proposition me semble particulièrement démagogique et stigmatisante, elle viendrait incontestablement fragiliser un secteur économique dont les activités participent au développement du tourisme en France. Que proposez-vous à ce sujet, madame la ministre ? Je sais que la réponse n’est pas facile. Sans doute faut-il travailler dans une nouvelle direction et innover afin de rendre de nouveau ces séjours plus attractifs. Le succès, pour ne pas dire le regain des camps de scoutisme, qu’ils soient confessionnels ou laïques, doit nous faire réfléchir aux valeurs et à la forme de loisirs que les familles privilégient aujourd’hui.
Si je suis réticent concernant certaines propositions du rapport, je m’associe volontiers à la demande de repenser le statut des animateurs. Ce point est certainement l’un des plus cruciaux.
L’épisode juridique concernant les repos journaliers a bien montré la nécessité d’une réforme. Pour être en conformité avec le droit européen et la jurisprudence du Conseil d’État, les centres doivent garantir aux animateurs onze heures consécutives de repos quotidien, ce qui est bien sûr incompatible avec la réalité, leur présence auprès des enfants incluant habituellement les nuits. Compte tenu des coûts, que vous connaissez, madame la ministre, qu’entraîne le respect de la législation, de nombreux centres préfèrent aujourd’hui être en situation irrégulière ou même annuler des séjours.
Les mouvements d’éducation populaire demandent donc la création d’un statut de volontaire de l’animation, rompant ainsi avec la réglementation du travail salarié, ce qui clarifierait la situation et constituerait par ailleurs une certaine reconnaissance de leur expérience. Que pensez-vous de cette proposition, madame la ministre ? Plus globalement, quelles mesures envisagez-vous de prendre afin de permettre à tous les enfants d’accéder à des vacances, qu’elles soient d’ailleurs collectives ou familiales ?
Les colonies de vacances sont un modèle ayant déjà beaucoup évolué. Comment comptez-vous les aider à surmonter la crise qu’elles traversent actuellement ? Indépendamment d’une certaine nostalgie des « jolies colonies de vacances », je pense que le sujet mérite que l’on s’y intéresse. Il représente un enjeu important pour notre jeunesse et l’économie de nos collectivités.