Monsieur le secrétaire d’État, je suis très intrigué : comment un président de conseil général comme vous peut-il être autant opposé à l’existence des départements, et tenir parfois à ce sujet des propos aussi violents ? Je vous rappelle, en effet, que vous avez indiqué vouloir les « vider de leur substance ». Comment peut-on présider un conseil général pendant plus de dix ans et ne pas avoir la passion de son territoire, ne pas savoir à quel point l’action départementale s’est trouvée enrichie ?
Vous affirmez que la réforme territoriale entraînerait une baisse de la dépense publique de 17 milliards d’euros. Mais vous savez pertinemment que c’est faux ! Le budget de mon département, l’Aube, représente 0, 5 % du total des budgets des départements français. Votre annonce signifie que mon conseil général devrait réaliser 85 millions d’euros d’économies, or vous savez bien que c’est impossible !
J’irai plus loin : non seulement la dépense publique ne diminuera pas, mais elle augmentera ! Vous voulez transférer la compétence des routes aux régions ; il faudra pour cela constituer des états-majors régionaux, car les régions en sont dépourvues. En revanche, il ne manquera pas un seul travailleur sur les routes départementales, car nous avons totalement optimisé l’organisation des services qui sont chargés de ces routes depuis que l’État, par la décentralisation de la compétence en la matière aux départements, nous a confié la gestion des personnels dédiés. J’ajoute que les départements font preuve d’une grande maîtrise quant au nombre d’emplois, chose que – croyez-moi ! – les régions n’arriveront pas à faire.
Vous voulez également transférer la compétence des transports scolaires aux régions. C’est donc dans un lieu parfois situé à 500 kilomètres de certaines communes que l’on établira le détail de ces transports… Je vous souhaite bien du plaisir, monsieur le secrétaire d’État : les transports scolaires, c’est de la dentelle ! Il faut être capable, tous les matins, de savoir s’il y a du verglas, si les cars peuvent circuler, ce qui est impossible à l’échelon régional.
Quand une région veut construire un lycée en même temps qu’un collège est bâti – cela peut arriver –, c’est le département qui s’en charge, pour le compte de la région, car celle-ci ne dispose pas des services adéquats.
Avec cette réforme, donc, vous allez créer un nombre incalculable d’états-majors à l’échelon régional, et je vous garantis que vous serez loin d’atteindre vos objectifs en matière de dépense publique.
Mme Lebranchu a annoncé que la suppression de la clause de compétence générale permettrait aux conseils généraux de réaliser une économie de 35 %. Il faut vraiment ne rien connaître aux budgets de ces collectivités territoriales pour dire de telles sottises !
Par ailleurs, monsieur le secrétaire d’État, j’ai commencé à comparer les régimes indemnitaires des conseils départementaux et ceux des conseils régionaux. J’ai constaté que la réforme entraînerait une hausse de plus de 15 % de la masse salariale, …