Je tiens à le souligner.
Au reste, à l’instar de mon prédécesseur, je prends soin de réunir, chaque mois, les préfets au cours d’une conférence, et je veille par leur intermédiaire à ce que l’application de cette obligation soit systématiquement vérifiée. Vous le savez, ces formations s’adressent aux jeunes qui sont les plus éloignés de l’emploi.
Pour l’heure, nous n’avons pas encore trouvé meilleur dispositif. Je suis certain que les jeunes bénéficiant de ces emplois d’avenir sont heureux d’avoir obtenu ces contrats. Ces formations vont leur mettre le pied à l’étrier. Elles vont les aider à trouver un poste demain.
Madame Claireaux, je tiens à vous remercier une nouvelle fois de la justesse de votre analyse. Pour répondre à la grande question que pose Jean Desessard et que vous posez également, je vous apporterai, dans quelques instants, des chiffres très récents : ce matin même, j’ai réuni les directeurs régionaux de Pôle emploi. Les personnels des agences ont pour mission de personnaliser davantage encore l’accompagnement. Un certain nombre d’avancées seront accomplies.
Quant à l’évaluation, je le répète, elle ne pourra être achevée qu’au bout d’un an. Cela étant, elle est déjà lancée, au titre des 30 000 formations prioritaires. §
Je tenais à répondre aux uns et aux autres. Mieux vaut, à mon sens, procéder ainsi pour ce type de débat, plutôt que d’asséner un discours rédigé à l’avance.
J’en viens à présent aux constats d’ensemble, sans allonger mon propos outre mesure.
Monsieur Desessard, votre question recèle deux enjeux : premièrement, l’adéquation de la formation professionnelle aux besoins de l’emploi, que je viens d’évoquer ; deuxièmement, l’effort collectif qu’il est nécessaire d’accomplir en faveur de la formation des demandeurs d’emploi.
Chacun le sait, la formation est, pour tous nos concitoyens, un puissant outil permettant de tracer sa voie, de construire sa vie. Toutefois, au-delà d’une stricte logique utilitariste, il faut prendre en compte une logique que je qualifierai d’« adéquationniste ». En d’autres termes, il faut que la formation soit le plus adaptée possible au marché du travail.
Le problème de l’adéquation se pose, même si nous ne perdons pas de vue que l’objectif de la formation, c’est également l’émancipation individuelle, le droit de choisir, qui prend parfois la forme d’un droit à une deuxième voire à une troisième chance. C’est d’autant plus vrai que, comme vous l’avez dit en évoquant la formation initiale, l’école ne gomme plus toutes les inégalités. On le sait, l’ascenseur social a dans certains cas du mal à redémarrer.
À travers cette question, vous appelez l’attention du Gouvernement sur l’adéquation entre les formations proposées et les métiers qui recrutent aujourd’hui. Comme vous, je suis convaincu que la formation professionnelle doit d’abord être au service de l’emploi. Il faut dire les choses comme elles sont ! Tel est l’objectif qu’a tout particulièrement mis en avant la deuxième grande conférence sociale, à l’occasion de laquelle a été lancé le plan des 30 000 formations prioritaires.
Ces formations sont corrélées à un emploi existant ou à un métier dit « en tension », ce sur la base de deux grands principes.
Le premier principe, c’est la conjugaison des forces de l’État, des régions et des partenaires sociaux autour du prescripteur, à savoir Pôle emploi.
Le second principe, c’est la détection des besoins d’emplois et des compétences au plus près des territoires.
Ce plan est une réussite. Le domaine de la formation n’en compte pas tant, raison de plus pour nous en féliciter collectivement. Ce chiffre a été rappelé, au 31 décembre dernier 36 000 personnes supplémentaires étaient entrées en formation. Quant à l’évaluation, je tiens à le dire de nouveau, elle est actuellement en cours. Je vous en donnerai les résultats dès qu’ils seront établis. Les domaines concernés sont les transports, la manutention, l’action sanitaire et sociale – autant de secteurs en tension que vous connaissez –, l’hôtellerie et la restauration bien sûr, le commerce, la gestion et le champ « mécanique, matériaux ».
Forts du succès de ce plan de 30 000 formations annoncé l’an dernier lors de la grande conférence sociale, nous avons lancé un plan de 100 000 formations pour l’année 2014.
Les derniers chiffres, qui m’ont été communiqués ce matin et qui correspondent à la fin du mois de mai, font état de 38 000 entrées en stage supplémentaires depuis le début de l’année. À ce rythme-là, nous avons bon espoir d’atteindre le seuil des 100 000 d’ici à la fin de l’année. Voilà qui prouve que le Gouvernement a bien fait de confirmer ses engagements !
Grâce à ces deux plans, la formation professionnelle redevient un outil de la bataille contre le chômage.
Bien sûr, la formation ne saurait être l’alpha et l’oméga dans ce domaine. Il ne faudrait pas – ce qui n’est pas votre cas – tomber dans une illusion adéquationniste par ailleurs trop répandue. Dans le cas d’un demandeur d’emploi, la formation est indispensable mais elle n’est pas nécessairement la seule réponse. Tout chômeur n’est pas privé d’emploi faute de compétences ou de qualifications suffisantes. C’est bien souvent dans le droit fil du métier qu’il connaît que le demandeur d’emploi est susceptible de retrouver un travail. Il ne s’agit pas, dès lors, de reprendre une formation à zéro. Un tel cas de figure peut se présenter, mais il reste tout de même assez rare.
En matière d’adéquation, le problème est souvent multiple. Outre la formation, il faut prendre en compte la mobilité géographique – ce constat a été rappelé –, le niveau de rémunération, les conditions de travail, particulièrement dans certains métiers – j’y reviendrai – et, parfois, les discriminations subies par les candidats à l’embauche. Ces discriminations peuvent se fonder sur l’âge, mais aussi, je ne manque jamais une occasion de le rappeler, sur des critères ethniques ou spatiaux. Il faut en tenir compte, sans oublier les difficultés de logement liées à la mobilité. La France connaît une situation assez difficile en la matière.
Parallèlement, certains emplois ne trouvent pas preneur, alors même qu’une offre de formation existe pour les jeunes entrant sur le marché du travail comme pour les demandeurs d’emploi.
Une opération, qui a déjà été citée, vient d’être lancée par le MEDEF : il s’agit de la campagne « Beau travail ». À cet égard, je me suis rendu, il y a quelques jours, à l’invitation du MEDEF – ne m’en voulez pas, monsieur Desessard ! §Vous aurez compris qu’il s’agit d’une plaisanterie. Quand il s’agit de valoriser le travail, nous sommes tous rassemblés.
Les clips actuellement diffusés au titre de cette campagne tendent à redorer l’image de certains métiers.
Ainsi, des efforts ont été accomplis depuis quelques années dans le secteur du bâtiment, dont l’image reste, hélas ! parfois négative. La pénibilité des métiers concernés, sans doute en partie inévitable, contribue, c’est certain, à leur mauvaise réputation. Voilà pourquoi il faut poursuivre ces efforts de valorisation – c’est là ma conviction personnelle. Les organisations patronales ont encore beaucoup de travail à accomplir dans ce domaine.