Est-ce vrai ? C’est la première question. Existe-t-il vraiment 400 000 emplois non pourvus ? En la posant, on est très surpris de constater qu’il n’existe pas de tableau de bord. On ne sait pas s’il s’agit de véritables emplois ou s’ils se trouvent sur le panneau d’affichage depuis dix ans sans que l’on sache s’ils sont encore d’actualité.
Monsieur le ministre, il nous faut un GPS pour la formation des demandeurs d’emploi. Enfin ! On peut disposer d’un GPS pour nous conduire dans une commune de l’Essonne, voire plus loin, à travers un dédale de rues, mais au niveau national, pour une priorité à l’emploi, nous n’avons pas de GPS, pas de tableau de bord !
À quoi servirait-il ? À savoir véritablement s’il existe des emplois non pourvus.
Si tel est le cas, est-ce en raison de l’image de la filière ? Alors on peut lancer des campagnes du MEDEF, des syndicats, des chambres de métiers, pour valoriser le métier.
Les conditions de travail y sont-elles trop difficiles ? Pensons par exemple au secteur sanitaire et social : on découvre qu’aide-soignant est un métier trop difficile parce que l’on y porte des choses. Hop, tout de suite, monsieur le ministre, vous contactez le ministre de la recherche et vous lui demandez de lancer une recherche sur des robots qui aideraient les aides-soignants à porter ce qui est trop lourd, afin d’éviter la pénibilité. Si tel est le problème, on doit tout de suite trouver une solution !
Existe-t-il une inadéquation entre le salaire et les compétences ? Alors on peut réunir les partenaires sociaux en leur disant : « Pourquoi ne voulez-vous pas payer les gens ? Que se passe-t-il ? » On mène une évaluation, on produit des données !
Monsieur le ministre, c’est ce tableau de bord, ce GPS, qui nous permettrait de constater que dans tel domaine on manque de moyens parce que les conditions de travail sont trop dures. La situation est-elle vraiment celle-là ? Les salaires sont-ils en cause ? Et la formation ? Si c’est le cas, où faut-il la mener ? Il existe partout des formations régionales, des éléments mis en place, qui constituent le socle. Mais nous devons disposer de la possibilité d’être réactifs. Si nous nous apercevons qu’il manque 40 000 personnes, qui ne sont pas formées, dans tel secteur, alors nous le voyons venir et nous pouvons mettre en place les dispositifs, actionner les leviers, étudier avec les régions ce qu’il est possible de faire !
Il est tout de même inimaginable que, dans une période de chômage, ce chiffre de 400 000 puisse être évoqué, même si je ne suis pas sûr qu’il corresponde à une réalité, sans que l’on puisse apporter une réponse spécifique sur la pénibilité, les conditions de travail, les salaires, les formations !
Vous êtes aux manettes, monsieur le ministre ! Vous devez disposer d’un tel tableau de bord ! On ne peut pas simplement actionner les leviers en affirmant qu’ils auront tel effet, il faut avoir une vision d’ensemble ! Vous devez pouvoir savoir où il est utile d’actionner tel levier, grâce à une vision d’avenir. Par exemple, si nous avons besoin d’infirmières, il faut prévoir leur recrutement trois ou quatre ans auparavant. Si nous manquons de médecins, c’est encore plus long.
Nous avons donc besoin d’un GPS pour évaluer les métiers sous tension, d’un GPS prospectif, pour les métiers de demain, et donc, d’un tableau de bord.
Pour terminer, monsieur le ministre, à qui revient-il de mettre cet outil en place ? Est-ce la responsabilité de votre ministère ? Donnerez-vous instruction à une Haute Autorité pour le produire ? Est-ce du ressort de Pôle emploi, en liaison avec vous ? Les partenaires sociaux doivent-ils en être chargés ? La question est posée. J’ai interrogé beaucoup d’institutions, chacune très compétente, des sociologues et des économistes. Nous ne manquons pas de compétences !
Le défi, avec les grandes compétences, est toujours de les faire travailler ensemble. Chacune s’estime tellement compétente qu’elle pense ne pas avoir besoin des autres. Elles doivent pourtant être mises en commun, avec un chef de bord, monsieur le ministre, qui tienne un tableau de bord, le GPS de la formation professionnelle pour l’emploi.
La question que je vous repose, et que je vous poserai peut-être de nouveau, est la suivante : quel organisme est le maître d’œuvre de ce dispositif et comment peut-on le mettre en place, pour que ces 400 000 postes non pourvus le soient enfin, et que l’inadéquation entre la formation et les postes à saisir soit seulement de quelques mois, et qu’elle ne prenne donc pas une telle importance.
Il est inimaginable qu’un pays qualifié comme le nôtre, disposant d’institutions et d’organismes de formation, ne soit pas capable de pourvoir les offres d’emploi !
Mes chers collègues, merci de ce débat; merci, monsieur le ministre, de votre apport et de l’attention que vous porterez à ma demande d’un tableau de bord de la formation professionnelle pour l’emploi !